Champ des Possibles: le fragile équilibre entre conservation et fréquentation

Les Amis du Champ des Possibles déplorent l’installation de campements, le piétinement de la végétation et la présence de feux en plein air dans cet espace naturel du Mile End.

Une pancarte à l'entrée du Champ des Possibles rappelle l'interdiction de faire des feux en plein-air.
«Tout usage du Champ devrait être éphémère. C'est-à-dire que, lorsque l’on en repart, on ne laisse pas de traces», affirme Sugir Selliah. – photo : Gaëlle Engelberts

Certaines activités nuisent à la préservation de la biodiversité du Champ des Possibles, espace qui longe la voie ferrée du CPKC dans le nord du Mile End.

«Le Champ est tellement petit que, si nous mobilisons sans cesse des rassemblements, le Champ ne pourra jamais être ce qu'il est. Il y aurait trop de piétinement», précise Sugir Selliah, coordonnatrice des Amis du Champ des possibles. Cet organisme co-gère le site avec l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

Alors qu’elle souhaite y voir passer une quantité modérée d’humains respectueux de la faune et de la flore, elle déplore que les lieux servent plutôt de point de rencontre pour festoyer autour d’un feu de joie ou encore s’adonner à des activités sexuelles. 

Les participants ont non seulement tendance à piétiner la végétation que les Amis du Champ des Possibles essaient d’entretenir, mais laissent aussi traîner leurs déchets.

«Tout usage du Champ devrait être éphémère, insiste la coordonnatrice. C'est-à-dire que, lorsque l’on en repart, on ne laisse pas de traces.»

Elle aurait donc nettement préféré que des centaines de pièces de vélos n’aient pas été laissées sur le site au mois d’août.

Des cadres et des roues de vélos par dizaines, entourés d'arbres, dans le Champ des Possibles.
Des pièces de vélos ont jonchés le nord-est du Champ pendant plusieurs semaines. – photo : Gaëlle Engelberts

«On prône des pratiques plus douces, plus à l’écoute de soi et de la nature, pour apprendre à se sentir bien dans son milieu et avec soi.»

Multiplication de tentes

Mme Selliah estime que le Champ des Possibles a été particulièrement affecté par la crise de l’itinérance cette année. Remarquant l’apparition de tentes au cours des derniers mois, elle dit avoir été intimidée par l’un des occupants alors qu’elle travaillait sur le site. 

Ce dernier s’était installé près d’un conteneur de son organisme où elle se rendait pour aller chercher du matériel éducatif pour un atelier que s’apprêtaient à suivre de jeunes adultes. Ceux-ci provenaient de l’organisme communautaire Dîners St-Louis et étaient eux-mêmes en situation d’itinérance ou de marginalité. 

«J’aurais aimé que cette personne reçoive de l’aide avant tout, qu’elle ait des services appropriés et un toit», déplore la coordonnatrice.

Une tente et plusieurs biens peuvent être aperçus derrière la végétation.
Sugir Selliah note que l'apparition de tentes a été plus fréquente cette année au Champ des Possibles. – photo : Gaëlle Engelberts (2023)

Elle aimerait donc voir les «autorités», dont l’arrondissement, se soucier davantage de la protection des espaces naturels, ce qui passerait par des meilleurs moyens de prévention et de lutte contre l’itinérance afin que les Amis du Champ des Possibles puissent se concentrer sur leur mission de protection de l’écosystème.

«On a l'impression que l'arrondissement ne fait pas de différence entre les différents espaces verts. C'est-à-dire qu’un parc conventionnel est la même chose pour eux qu'un espace naturel.»

Elle ajoute que les sols contaminés de ce site représentent un argument supplémentaire pour décourager les campements sur le site.

Une situation «délicate»

Du côté de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, on dit être en communication avec les Amis du Champ des Possibles au sujet de campements occupant «une très petite partie du champ».

«Un plan de mitigation a été présenté au conseil d’administration, qui l’a relativement bien accueilli dans le contexte», avise la chargée de communication Geneviève Allard, qui dit toutefois que l’arrondissement n’avait pas été mis au courant des autres activités et de l’incident mentionnés plus haut. 

«Par ailleurs, aucune trace de feu n’a été observée, et nous avons reçu très peu de plaintes citoyennes», souligne-t-elle. 

Mme Allard ajoute qu’une brigade de propreté s’occupe du site, qui est aussi «régulièrement» visité par des organismes communautaires ainsi que des représentants de l’arrondissement et du Service de police de la Ville de Montréal. 

«Un suivi renforcé a d'ailleurs cours via les organismes communautaires afin d'accompagner les personnes vers des ressources d'hébergement. C'est un travail délicat qui nécessite du temps.»

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