L’organisme Plein Milieu réclame des installations sanitaires et des soins de santé ambulants pour la population itinérante du Plateau, notamment pour près d’une centaine de personnes qui vivent dans des campements.
La bibliothèque du Plateau et des organismes communautaires offrent des trousses de lecture et des ateliers pour aborder le sujet de l’itinérance avec les enfants.
La bibliothèque du Plateau et des organismes communautaires offrent des trousses de lecture et des ateliers pour aborder le sujet de l’itinérance avec les enfants.
L’initiative «Raconter l’itinérance» est issue de discussions au sein de la Table de concertation Autour des familles Grand Plateau, qui regroupe des organismes de l’arrondissement liés aux enjeux familiaux. – photo : Gabrielle Brochu-Bélanger
«Ce sont des choses que les enfants voient quotidiennement, sur le chemin de l'école, à l'épicerie, à la pharmacie, dans le métro ou à la bibliothèque. Mais il y a un genre de tabou», explique Maude Cournoyer Gonzalez, coordonnatrice en persévérance scolaire à La Maison d’Aurore, au sujet de l’itinérance dans Le Plateau-Mont-Royal.
C’est donc pour faciliter les discussions entre parents et enfants, tout en faisant preuve d’empathie, qu’est né le projet Raconter l’itinérance qui offre des trousses de lecture et des ateliers de sensibilisation.
Des trousses de lecture à emprunter à la bibliothèque
Depuis la fin novembre, les parents peuvent emprunter l’une des deux trousses «Raconter l’itinérance» à la bibliothèque du Plateau-Mont-Royal située sur l’avenue du Mont-Royal.
L’une d’entre elles a été assemblée avec les enfants de 4 à 6 ans en tête, alors que l’autre s’adresse davantage à ceux de 7 à 9 ans. Elles contiennent des fiches d’information ainsi que des histoires liées à l’itinérance.
Une troisième trousse pour les 10 à 12 ans devrait pouvoir être empruntée en 2026.
Des ateliers de sensibilisation
L’arrivée de ces trousses à la bibliothèque publique s’inscrit dans un projet plus large qui inclut des ateliers de sensibilisation. Le 15 novembre, deux ateliers ont été offerts à l’organisme communautaire La Maison d’Aurore, situé dans l’est du Plateau.
Le but initial était de mettre sur pied un seul atelier qui aiderait les parents à aborder le sujet de l’itinérance avec leurs enfants. À ce premier atelier s’est cependant greffé un deuxième pour les enfants de 7 à 9 ans, où l’une des histoires des trousses de la bibliothèque a été lue.
«On a eu la chance d'avoir une bénévole qui aime beaucoup les marionnettes et raconter. Elle a créé une petite mise en scène au début de l'atelier», explique Mme Cournoyer Gonzalez.
Les jeunes participants ont pu discuter du sujet en plus de confectionner des biscuits. Ces derniers ont été distribués aux personnes en situation d’itinérance se trouvant dans les locaux de La Maison des Amis, l’organisme voisin de La Maison d’Aurore, qui se trouve aussi dans le sous-sol de l’église Saint-Stanislas-de-Kosta.
Au total 15 adultes et 18 enfants se sont inscrits à ces premiers ateliers auxquels les organismes Plein Milieu, La Maison des Amis et le Service d'accueil du Centre de loisirs multiethnique Saint-Louis ont également collaboré.
La littérature jeunesse comme véhicule exploratoire
«Une histoire, ça permet d’aborder quelque chose de façon très fluide», explique Mme Cournoyer Gonzalez, qui est d’ailleurs bachelière en études littéraires et en enseignement. «C’est facile à intégrer, puis c’est une façon de voir quelque chose avec une certaine distance.»
Elle note que certaines histoires peuvent servir de contre-exemple, illustrant certains gestes à éviter comme se priver de son manteau d’hiver afin de le donner à une personne en situation d’itinérance, sans consulter ses parents.
Mme Cournoyer Gonzalez note aussi que les livres offrent des perspectives positives et humanistes.
«On voit des personnes en situation d’itinérance qui ont des compétences, des loisirs et qui sont aussi capables d’aider d’autres personnes.»
Les ateliers misent d’ailleurs sur l’empathie pour aborder le sujet de l’itinérance ou certains comportements inhabituels avec les enfants.
Des initiatives similaires des organismes L’Engrenage (Québec) et L’Anonyme (Centre-Sud) avaient inspiré la démarche naissante dans Le Plateau. L'Engrenage a d'ailleurs fourni le visuel ci-dessus, qui décortique différents facteurs pouvant mener à l'itinérance et qui été réutilisé à La Maison d'Aurore.
Aller au-delà des préjugés
La coordonnatrice de La Maison d’Aurore se montre soucieuse d’éviter de stigmatiser les personnes non logées en parlant de consommation.
Elle indique que des comportements étranges peuvent être expliqués de bien d’autres manières. Par exemple, le manque de sommeil, la faim ou encore les maux ressentis aux dents ou aux pieds à cause du manque d’accès aux soins ou d’une marche de plusieurs heures peuvent expliquer certaines agitations.
«Nous aussi, on a parfois des excès de colère, ou des grosses émotions, mais d'habitude, on est à la maison quand on vit ça. On va aller dans notre chambre. Eux, ils n'ont pas d'espace pour vivre cette émotion-là, cachés dans l'intimité», illustre-t-elle.
Elle souligne également qu’il est impossible d’expliquer pourquoi une personne se retrouve sans logement sans connaître son histoire. Il vaut donc mieux prendre conscience de ses préjugés et éviter de chercher des hypothèses.
«Il y a toutes sortes de facteurs qui mènent à cette situation-là. L'idée, c'est qu'on ne sait pas ce que la personne a vécu, mais on sait que quand on vit une situation d'itinérance, c'est difficile de combler ses besoins physiques et psychologiques. Avoir des amis ou des loisirs, ce n'est pas évident», illustre-t-elle, soulignant également les défis de trouver des ressources d’hygiène.
À venir: de nouvelles versions des ateliers «Raconter l’itinérance»
Les organisateurs des ateliers comptent créer d’autres versions destinées aux enfants de 4 à 6 ans, ainsi que ceux de 10 à 12 ans, qui sont en âge de se déplacer seuls.
Dans ce dernier cas, l’idée serait notamment de s’adresser aux préadolescents qui sont inscrits au service de garde du Centre de loisirs multiethnique Saint-Louis, situé dans le quartier Milton-Parc, où le phénomène de l’itinérance est très visible.
De plus, lors du premier atelier, des parents avaient posé des questions liées à la consommation de drogues et la gestion d’objets potentiellement dangereux, comme des seringues.
Mme Cournoyer Gonzalez évoque donc l’idée de proposer un atelier pour les adultes portant sur la sécurité urbaine, «mais qui serait séparé de l’itinérance».
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