Un débat, une murale et du tissage
Cette infolettre résume les nouvelles du Milton-Parc du 10 au 16 octobre 2025.
Les trois candidats à la mairie du Plateau-Mont-Royal ont fait connaître leurs idées, mardi soir, lors d’un événement présenté par la Table de quartier de l’arrondissement.
C’était l’occasion de discerner les nuances entre les approches promues par Maggie Bolduc (Transition Montréal), Jean Beaudoin (Ensemble Montréal) et Cathy Wong (Projet Montréal), qui tenteront de succéder à Luc Rabouin.
Bien que le public présent dans le local de Resto Plateau ait été invité à poser des questions à sa guise, les sujets abordés ont surtout touché aux crises du logement et de l’itinérance, ainsi qu’à la mobilité, aux services de proximité et à la propreté.
«Le seul levier durable pour régler cette crise du logement, c'est de sortir des logements du marché spéculatif», a martelé d’entrée de jeu Cathy Wong. Elle a d'ailleurs souligné que la Ville de Montréal, sous l’administration de Valérie Plante, utilise déjà des moyens à sa disposition pour faire l’acquisition de propriétés et créer des logements sociaux et communautaires.
«Avant l'arrivée de Projet Montréal en 2017, la Ville n'achetait aucun terrain pour développer du logement social et abordable», a-t-elle dit, affirmant que 2000 personnes ont ainsi évité la rue. Cinq terrains ont été acquis sur le territoire du Plateau, a-t-elle précisé. Les logements n’y ont pas encore été construits.
Projet Montréal a aussi l’intention de créer des fonds pour stimuler la création de logements hors marché, a-t-elle souligné.
D’autre part, Mme Wong a dit vouloir sévir contre les locations illégales de type Airbnb et les rénovictions abusives.
«Ce qu’on veut faire, c’est agir maintenant», a proposé Jean Beaudoin, de son côté, disant vouloir miser sur des initiatives qui pourraient porter fruit à l’intérieur d’un mandat de quatre ans.
Il a aussi dit vouloir encadrer les Airbnb en augmentant le nombre d’inspecteurs de la Ville à 50. Ensemble Montréal propose toutefois de limiter le nombre de jours de location pour une résidence principale à 90 par année, sans que ceux-ci soient restreints à la période estivale, comme le veut la réglementation actuellement en vigueur.
M. Beaudoin a aussi dit vouloir accélérer le processus d’octroi de permis de construction afin de permettre aux promoteurs immobiliers de créer plus d’unités en moins de temps.
Maggie Bolduc souhaite qu’un tiers des logements montréalais soient sociaux d’ici 25 ans. Pour ce faire, une taxe sera ajoutée sur les résidences de luxe.
«On veut faire en sorte que Montréal soit la capitale nord-américaine du logement abordable d’ici 2050.»
Son parti, Transition Montréal, souhaite aussi créer «une société paramunicipale» censée construire plus rapidement et dont les budgets seraient mieux encadrés.
De plus, la location touristique de type Airbnb serait interdite «jusqu’à temps que la crise du logement soit passée» et les résidences et les locaux vacants seraient taxés.
Au sujet de la crise de l’itinérance, Jean Beaudoin a dit vouloir miser sur la coordination des services et l’accompagnement des personnes en situation d’itinérance. Un organisme comme La porte ouverte, dans Milton-Parc, pourrait ainsi avoir accès aux services nécessaires pour aider les individus qu’ils hébergent.
«Si on se met en synergie, on va pouvoir agir plus, avoir plus de renforts sur le terrain et être capables de faire en sorte que les gens aient un toit.»
Le candidat d’Ensemble Montréal a dit vouloir rendre des édifices gouvernementaux accessibles aux occupants de campements pendant l’hiver.
«On est capable de mettre ces espaces-là à disposition», a affirmé l’architecte.
De son côté, Maggie Bolduc a dit vouloir tripler le financement octroyé aux organismes communautaires qui aident à la contrer.
«Il faut absolument qu’on investisse dans la prévention», a-t-elle insisté, disant vouloir réattribuer 40 millions $ dédiés aux heures supplémentaires du personnel du Service de police de la Ville de Montréal vers ces autres acteurs, dont les intervenants de rue.
Elle a affirmé que les jeunes placés en maison d’accueil et qui subissent les effets du racisme systémique sont plus à risque de se retrouver à la rue. Elle souhaiterait donc faire pression sur Québec pour augmenter les budgets de prévention sur ces fronts.
Elle a aussi parlé de la nécessité d’avoir accès à des logements adaptés et des services d’accompagnement. Ceux-ci seraient financés par la taxe sur les résidences de luxe de Transition Montréal.
Au sujet des campements, Maggie Bolduc a clairement dit ne pas prôner leur démantèlement, mais plutôt s’assurer de fournir des services aux occupants.
«On veut un accompagnement sur le site», a-t-elle avisé, évoquant l’accès à des «ressources concrètes» et à des produits sanitaires.
Du côté de Projet Montréal, Cathy Wong a pris soin de souligner les liens entre les crises de l’itinérance et du logement.
«Si on veut sortir les gens de la rue, il va falloir qu’on puisse agir directement à la source», a-t-elle soutenu, rappelant les initiatives de sa formation pour atténuer la pénurie de logements, notamment en ce qui concerne la limite des fusions et les interdictions de locations à court terme en zone résidentielle.
Son parti s’est donné comme objectif de sortir 1000 personnes de la rue, «rapidement», grâce à des unités modulaires et à des logements de transitions «avec accompagnement social».
Elle a d’ailleurs rappelé les ouvertures prochaines d’une centaine d’unités gérées par les organismes le Chaînon et la Mission Old Brewery, sur le territoire du Plateau-Mont-Royal.
Donnant en exemple la création du Comité de bon voisinage de Milton-Parc, Mme Wong a dit vouloir continuer de miser sur le dialogue entre les différents acteurs touchés par la crise de l’itinérance.
Au niveau de la mobilité, Cathy Wong a vanté le Réseau express bus (REB), proposé par Projet Montréal. Plusieurs des trajets sur voies réservées traverseraient le Plateau et accéléreraient les déplacements est-ouest, selon la candidate.
«Chaque dollar qui est investi dans le transport collectif, c’est non seulement plus d’accessibilité, c’est aussi plus de sécurité», a-t-elle fait valoir, soutenant que le trajet du REB sur l’avenue du Parc viendrait apaiser la circulation.
Son parti offrirait des passes mensuelles à tarif réduit pour les personnes à faible revenu.
Mme Wong en a aussi profité pour défendre le bilan de Projet Montréal en soutenant que son parti a apaisé la circulation sur les rues résidentielles et offert un nouveau souffle à la rue Saint-Denis.
Pour ce qui est de la sécurité des enfants, elle a dit vouloir créer plus de places-écoles, comme celle située à côté de l’école Paul-Bruchési.
Maggie Bolduc s’est montrée favorable au REB et a dit vouloir prolonger le trajet de l’autobus 97, afin que la communauté de Milton-Parc – et les élèves de FACE en particulier – puisse rejoindre l’avenue du Mont-Royal plus aisément.
«C’est aussi une solution pour atteindre la carboneutralité», a-t-elle souligné, disant vouloir investir davantage en transports collectifs.
Son parti offrirait également des passes mensuelles à tarif réduit aux personnes à faible revenu.
Pour ce qui est de la sécurité autour des écoles, Mme Bolduc créerait des zones de ralentissement de la circulation, munies de barrières amovibles.
Jean Beaudoin a aussi dit vouloir investir dans le transport collectif. «C’est sûr qu’on est dans une période où on est un peu serré», a-t-il toutefois nuancé.
Il a évoqué un trajet en boucle qui lierait les différents quartiers du Plateau-Mont-Royal ensemble et des navettes se rendant à des destinations importantes de l’arrondissement. Une optimisation de la proximité des services dans les différents quartiers du Plateau permettrait de laisser plus de place aux espaces collectifs et aux projets de verdissement, a soutenu l’ingénieur spécialisé en design urbain.
D’autre part, le candidat d’Ensemble Montréal a insisté sur l’idée d’une «mobilité planifiée et inclusive», accusant du même coup Projet Montréal de n’avoir pas fait assez d’efforts globaux en ce sens, en donnant en exemple la circulation accrue sur la rue Saint-André, qui avait fait l’objet de plaintes cet été.
Au niveau de la propreté, Maggie Bolduc a annoncé son intention d’entrer en contact avec la communauté de l’université McGill afin que les étudiants gèrent mieux leurs déchets. La fréquence de la collecte ne serait pas diminuée, «malgré le virage zéro déchet», a-t-elle avisé, disant aussi évaluer l’option d’ajouter des lieux de dépôts dans le quartier Milton-Parc.
Mme Bolduc estime que l’élimination des Airbnb serait également bénéfique au niveau de la salubrité.
Cathy Wong s’est dite d’accord avec Mme Bolduc pour ce qui est de la sensibilisation de la population étudiante. Elle a ajouté vouloir communiquer plus efficacement avec les résidents en général.
La candidate de Projet Montréal a aussi annoncé son intention de doubler le budget en matière de propreté, bonifier les équipes sur les artères commerciales et s’attaquer aux dépôts sauvages. «On connaît les récidivistes», a-t-elle avisé.
«C'est au cœur de nos premiers engagements, s'assurer de s'occuper de nos surfaces pour les restaurer, mais aussi les maintenir propres», a lancé Jean Beaudoin, disant vouloir agir immédiatement. Faisant un appel au civisme des résidents, il a dit vouloir renforcer les équipes d’arrondissement qui veillent à la bonne gestion des ordures.
Le débat a été enregistré et peut être écouté ici.
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