Impliqué au sein du groupe Alternative socialiste et ayant déjà contribué à la campagne municipale de Rosalie Bélanger-Rioux en 2021, Simon-Pierre Lauzon propose maintenant sa propre candidature dans Laurier–Sainte-Marie.
Départ annoncé de la seule école publique de Milton-Parc
Des élèves, parents, enseignants et politiciens du quartier dénoncent la décision du gouvernement du Québec d’abandonner le bâtiment qui abrite l’école FACE.
Des centaines de manifestants s'opposant à l'abandon du projet de rénovation de FACE se sont réunis lundi matin devant l'école. – photo : Devin Ashton-Beaucage
Vendredi, Le Devoir révélait que Québec renonçait au projet de réhabilitation de l’école FACE, tel que prévu précédemment. La nouvelle laissait entrevoir la possibilité que le quartier Milton-Parc n’ait aucune école publique sur son territoire d’ici les années 2030.
Une nouvelle évaluation voyait bondir les coûts de rénovation de l’édifice de la rue University à 375 millions $, soit 132 millions $ de plus que la réserve que nous mentionnions en février dans nos pages.
À ce moment, nous indiquions que les factures additionnées de réaménagement des édifices temporaires étaient évaluées à 155 millions $. Or, le directeur général adjoint, responsable des ressources matérielles et des écoles secondaires du CSSDM, Stéphane Chaput, n’ose plus se prononcer sur ces coûts, notant que des appels d’offres vont être lancés pour l’école secondaire.
Il indique toutefois que les fonds de la réserve de 243 millions $ devant servir au bâtiment de la rue University pourront être redirigés vers les autres édifices.
Déménagements dans Le Plateau
Deux bâtiments sont maintenant censés prendre le relai de celui de la rue University et de continuer de faire vivre le programme de FACE de façon permanente. Les élèves du primaire se rendront au 4835, Christophe-Colomb, dès la rentrée 2025-2026.
«Le secondaire ne déménagera pas avant la rentrée 2029 ou 2030», avise M. Chaput au sujet de la transition prévue vers le 4251, Saint-Urbain.
Les élèves francophones (CSSDM) et anglophones (CSEM) continueront de se côtoyer dans les deux cas et l’enseignement axé sur les beaux-arts sera maintenu.
«Notre priorité est d’assurer que le programme survive», note le directeur général adjoint, disant comprendre la déception accompagnant la nouvelle du déménagement permanent.
En attendant le départ des élèves de la 7e à la 11e année, le bâtiment patrimonial de la rue University devra être maintenu afin de demeurer fonctionnel et sécuritaire. Les coûts pour ce type d’entretien de base sont évalués à environ 4,5 millions $ par année.
Raymond Létourneau (au centre) discutant avec des élèves de FACE, lundi matin. – photo : Devin Ashton-Beaucage
«Un grand projet qui aurait dû être plus contagieux»
Plusieurs mesures contestataires ont été prises depuis vendredi. Une lettre ouverte a été publiée par plusieurs médias en début de semaine et une pétition a été lancée en opposition à la vente de l’édifice de la rue University. Elles avaient respectivement reçu les appuis de 1425 et 1925 signataires au moment d’écrire ces lignes.
Lundi matin, quelques centaines d’élèves, d’enseignants, de parents et d’anciens de FACE s’étaient réunis devant l’école pour contester la décision du gouvernement.
Raymond Létourneau, qui y enseigne la musique depuis 31 ans, était présent. Il s’est montré ébranlé par la volte-face du gouvernement, après de nombreuses années de planification du projet de rénovation majeure.
«Il y avait des architectes qui sont venus nous consulter. Ils avaient préparé les plans pour nous faire une nouvelle école», a-t-il indiqué, évoquant quelques changements de configuration des locaux prévus.
Un rendu du projet de réhabilitation du bâtiment de la rue University, tel que conçu par Smith Vigeant architectes. – Saisie d'écran
Il a déploré la séparation permanente des élèves du primaire et du secondaire.
«C’est un grand projet qui aurait dû être plus contagieux», a-t-il laissé tomber à ce sujet, se montrant inquiet pour l’avenir du programme axé sur les beaux-arts, qui a des besoins particuliers en ce qui concerne le matériel et l’espace.
«L’école qui nous attend n’est pas intéressante, comme celle qu’on a aujourd’hui.»
Questionné à savoir si les ressources pour soutenir l’enseignement des arts seront équivalentes à ce qu’elles sont présentement après le déménagement, le directeur général adjoint du CSSDM reconnaît que ce ne sera pas le cas.
«On n’aura jamais un bâtiment comme celui où se trouve actuellement FACE, qui est énorme.»
Il indique que le personnel devra s’adapter.
Vitalité de Milton-Parc
«Je suis tombée amoureuse du quartier. Je savais que FACE était à côté et je voulais vraiment que mes enfants y aillent», raconte Pascale Gauvreau, qui habite Milton-Parc depuis sept ans et dont les deux enfants sont inscrits dans les classes de maternelle et de 3e année de l’école.
«C’est une grande chance de faire partie de ce projet scolaire unique.»
En plus du programme, Mme Gauvreau apprécie le fait de pouvoir s’y rendre à pied en quelques minutes, ce qui concorde avec ses valeurs liées à un mode de vie écologique.
«Il y a beaucoup de parents dans le quartier qui n’ont pas de voiture. On marche pour reconduire nos enfants à l’école et pour aller les chercher», observe-t-elle.
Elle se soucie donc des trajets vers les nouvelles adresses.
L’école FACE, étant à vocation particulière et non une école de quartier, n’offre pas de service de transport. Le CSSDM est toutefois en discussion avec la STM afin que les élèves et le personnel puissent être bien desservis par les trajets de transports en commun.
«En même temps, on est toujours en manque d’écoles primaires. Je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas juste prendre nos responsabilités et rénover celle qu’on a. Oui, ça peut paraître coûteux, mais les gens qui sont choqués du prix ne sont jamais entrés dans le bâtiment», avance-t-elle, qualifiant l’endroit de «magnifique».
La manifestation de lundi, vers 8h00. – captation : Devin Ashton-Beaucage
Wayne Wood, un autre résident de Milton-Parc, estime que les rénovations auraient pu se faire graduellement, aile par aile, afin d’éviter d’en arriver où nous en sommes aujourd'hui.
«Nous allons avoir ce sentiment pénible que ce joyau de bâtiment sera laissé à l’abandon», affirme-t-il.
Tout comme Mme Gauvreau, celui qui habite le quartier depuis plus de trois décennies a apprécié la proximité de l’école, alors que ses filles, qui ont aujourd’hui la trentaine, la fréquentaient.
«Les enfants en profitent pour faire plus d’activités et les familles passent plus de temps ensemble», souligne-t-il.
«L’une des raisons pour lesquelles les gens aiment vivre dans notre quartier est que tout se trouve à proximité. C’est un “village 15 minutes”», dit-il, notant que les transports actifs y sont populaires, notamment auprès des Faciens.
Comme plusieurs autres personnes l’ont mentionné à l’auteur de ces lignes, M. Wood souligne son attachement pour le mélange d’élèves d’origines diverses, des côtés francophone et anglophone, et des niveaux primaire et secondaire.
«De démanteler tout ça serait un coup dur pour notre communauté», résume-t-il, notant que Milton-Parc en perdra de sa jeunesse et de son dynamisme.
«Ce n’est pas n’importe quelle école.»
«Les enfants ont tendance à sortir de FACE daltoniens», dit-il, ajoutant que ses filles sont devenues bilingues après leur passage sur la rue University, alors qu’elles ont grandi dans une maison où la langue d’usage était l’anglais.
M. Wood se montre également attaché à l’enseignement de la musique offert à FACE et dont ses filles ont pu profiter. Il note qu’elles ont conservé leur lien avec cet art, même si elles se sont orientées vers les sciences.
Il estime que la présence de l’école contribue à la vitalité de Milton-Parc, et qu’une proportion importante des enfants du voisinage y sont inscrits en tant qu'élèves.
«C’est une grande partie du quartier», soutient-il, notant que les élèves occupent le quartier, profitant de ses différents services, et que même les résidents sans enfant inscrit à l’école auront tendance à assister à ses concerts et autres spectacles au programme.
« FACE fait partie de notre quotidien, avec tous les enfants et les enseignants qui passent dans le quartier tous les matins et les après-midis.»
«Une communauté s’est créée. Ça fait longtemps qu’elle existe, et la détruire comme ça, c’est impensable pour nous», a lancé Arthur Méthot-Boudreau lors de la manifestation de lundi au sujet du mélange des élèves du primaire et du secondaire et des différentes générations qui se sont succédé sur les bancs de l’école FACE. Il était accompagné de deux autres élèves de 5e secondaire, soit Josué Cacchione (gauche) et Éli-Ian Gasse (centre). – photo : Devin Ashton-Beaucage
Désert scolaire
Selon les données recueillies dans une version préliminaire d’un rapport de recherche sur le quartier Milton-Parc, publié en février sous la direction du professeur d’études urbaines et touristiques de l’UQÀM, Michel Rochefort, l’école FACE a été nommée comme facteur motivant les personnes interrogées à fréquenter ou habiter le secteur.
L’ajout de ressources liées à l’enseignement a aussi été identifié comme mesure pour en améliorer la qualité de vie.
De son côté, Stéphane Chaput indique que les analyses des besoins sur le territoire du CSSDM n’ont pas mené à un projet d’école dans Milton-Parc pour l’instant. Il dément également les rumeurs voulant que McGill soit envisagée comme potentielle acheteuse.
Dans un communiqué publié par la Commission scolaire English-Montréal (CSEM), le président Joe Ortona soulignait que le plan des deux écoles séparées n’était pas idéal et que d’autres options auraient été envisagées s'il avait été su que le déménagement serait permanent.
«[J]e suis profondément préoccupé par la décision du ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, de reporter indéfiniment le projet de réhabilitation majeure de l'école FACE», a également indiqué M. Ortona dans une publication Facebook, mardi, notant que la nouvelle laisse sa «communauté avec plus de questions que de réponses.»
Un «bijou» abandonné
«On ne pourra pas revendre ce bâtiment patrimonial», laisse tomber la députée de Westmount–Saint-Louis, Jennifer Maccarone. L’école FACE se trouve dans sa circonscription. Elle laisse entendre que la décision du ministre de l’Éducation est irréfléchie en ce sens.
«Ça me désole énormément», dit-elle au sujet de l’abandon du bâtiment où se situait l’école FACE – qu’elle qualifie d’ailleurs de «bijou» – depuis les années 1980.
«C’est vraiment tragique», a pour sa part affirmé le conseiller de la Ville responsable du district Jeanne-Mance, où se trouve l’école FACE, Alex Norris, alors qu’il participait à la manifestation de lundi matin.
«Ça cause l’éparpillement et la division d’une communauté.»
«Je suis sceptique face au scénario de requalification du bâtiment. Ma crainte est qu’il reste inoccupé pendant très longtemps et que ça continue de coûter cher aux contribuables québécois pour l’entretenir», a-t-il avisé, notant que les locaux ont été conçus pour accueillir des classes et qu’il serait fastidieux de convertir l’édifice pour qu’il se conforme à une autre vocation.
Alex Norris s'est rendu à la manifestation de lundi, qui avait lieu dans le district Jeanne-Mance, qu'il représente en tant que conseiller de la Ville. – photo : Devin Ashton-Beaucage
«Un manque criant d’écoles»
«Il y a un manque criant d’écoles», a souligné M. Norris au sujet du centre-ville de Montréal et ses environs.
Mme Maccarone abonde dans le même sens, affirmant d’ailleurs que l’accès à une école dans sa circonscription a été identifié comme priorité par les parents qui y résident.
«Tout le monde paie ses taxes. Il me semble donc que nos familles ne devraient pas être pénalisées à cause de leur lieu de résidence. On ne peut pas gouverner le Québec comme si Montréal n’existait pas», lance-t-elle, notant l’absence d’écoles publiques au centre-ville et dans Milton-Parc.
«On n’a aucune autre école publique. Aucune. Zéro.»
Elle estime que l’éducation n’est pas une priorité pour le gouvernement. «Ils ont gaspillé notre argent», lance-t-elle, notant les investissements de la CAQ dans Northvolt, SAAQclic, la venue des Kings de Los Angeles à Québec et les vagues de versements de 400$ à 600$ de 2022, censés aider des millions de contribuables à faire face à la hausse du coût de la vie, mais qu’elle qualifie plutôt d’électoralistes.
«Mais on n’est pas capable de trouver de l’argent pour notre réseau éducatif. C’est un non-sens!»
Mon Plateau a invité le ministère de l’Éducation à réagir aux préoccupations et propos recueillis ci-haut, mais demeurait sans réponse au moment de rédiger ces lignes.
Ayant couvert l’actualité au sein de l’équipe de l'Acadie Nouvelle, Devin s'est joint à Mon Plateau en janvier 2025 grâce à l'Initiative de journalisme local (IJL).
Impliqué au sein du groupe Alternative socialiste et ayant déjà contribué à la campagne municipale de Rosalie Bélanger-Rioux en 2021, Simon-Pierre Lauzon propose maintenant sa propre candidature dans Laurier–Sainte-Marie.
Elle se présente sous la bannière du Parti rhinocéros du Canada afin d’offrir une alternative aux électeurs qui contestent le système démocratique actuel.
Après avoir tenté sa chance dans Bourassa, en 2021, Nathe Perrone se représente aujourd’hui pour le Parti vert du Canada dans Ville-Marie–Le Sud-Ouest–Île-des-Sœurs.