Élections municipales: appel à l’inclusion des personnes analphabètes
En cette période électorale, CLÉ Montréal demande aux candidats d'adapter leurs communications pour inclure les personnes ayant des difficultés de lecture.
En cette période électorale, CLÉ Montréal demande aux candidats d'adapter leurs communications pour inclure les personnes ayant des difficultés de lecture.
Les personnes avec des difficultés de lecture sont délaissées dans le processus démocratique, selon Frédérique Deu, cogestionnaire et animatrice au CLÉ Montréal. Elle milite pour une meilleure inclusion de cette population, particulièrement en période électorale.
«L'analphabétisme rime souvent avec pauvreté et les gens qui sont plus impactés par des décisions politiques sont souvent les personnes défavorisées ou marginalisées», explique-t-elle.
CLÉ Montréal, ou le Centre de lecture et d'écriture, est situé dans le Centre de services communautaires du Monastère, près du métro Mont-Royal. L'organisme aide les adultes avec des difficultés à lire et à écrire.
Mme Deu reconnaît que rejoindre cette clientèle représente un défi, puisque la politique tend à peu les intéresser. Les sujets peuvent être perçus comme étant trop complexes ou aliénants.
«Même moi, qui sais lire et écrire, j'ai mis longtemps à m'intéresser à la politique parce que j'avais l'impression que je ne comprenais rien. Et quand je suis arrivé [au CLÉ Montréal], je me suis rendu compte que c'est d'autant plus vrai pour les personnes qui sont autour de nous. Que ça dépasse tellement leurs compétences de compréhension qu'ils ne s'y intéressent même pas», dit-elle, précisant que ce portrait ne colle pas à tous les participants des ateliers de son organisme.
«Ce qu'on entend souvent dire, c'est que de s'y intéresser, c'est du travail de compréhension, et au final, ils ne voient pas beaucoup de changement», ajoute Mme Deu.
Elle compare le phénomène à un serpent qui se mord la queue. Leur désintérêt est alimenté par celui des candidats, qui s'attardent peu aux personnes avec des difficultés de lecture puisqu'elles ont moins tendance à voter.
Mme Deu note aussi les similitudes entre le faible taux d'abstention aux élections municipales et la proportion de la population québécoise qui a des difficultés de lecture. Le taux d'abstention était de 55% en 2021 dans Le Plateau-Mont-Royal, tandis qu'environ la moitié de la population québécoise a des difficultés de lecture.
Pour améliorer la situation, Mme Deu encourage les candidats à adapter leurs communications électorales. Elle recommande d'utiliser un langage clair et simple dans la présentation de leurs propositions.
«On peut faire un tract avec une grosse maison et où il écrit "logement moins cher"», donne-t-elle en exemple.
Les illustrations, les conceptions infographiques simples et les vidéos courtes sont des options à privilégier, selon elle.
Vidéo d'Élections Montréal résumant la structure démocratique de Montréal.
Mme Deu aimerait également voir les politiciens se rendre dans des centres communautaires et rencontrer cette population qu'elle estime ignorée.
Elle souhaite que le lien entre le vote et les enjeux quotidiens concrets soit démontré. Ces enjeux incluent le transport, l'aide alimentaire, les frais de garderie et le logement.
D'autre part, elle aimerait que les mesures d'aide dans les bureaux de scrutin soient mises en évidence. «Je trouve que la lumière n'est pas assez faite là-dessus», dit-elle.
Ces mesures incluent la possibilité d'être accompagné par un membre du personnel, d'avoir recours à un guide simplifié ou encore d'utiliser une trousse d'accessibilité.
Des affiches avec les noms des candidats en gros caractères sont aussi censées être accessibles dans les bureaux de scrutin.
«Les gros caractères, c'est bien. Les photos, c'est encore mieux», conclut Mme Deu.
Pour obtenir plus d’informations sur l’accessibilité des lieux du scrutin et la marche à suivre pour voter, vous pouvez visiter le site web elections.montreal.ca.
Rejoignez plus de 3900 voisin·es bien informé·es!