La mouvance Buy Nothing: échanger pour s’entraider dans Le Plateau

Plus de 2000 résidents du Plateau-Mont-Royal se regroupent pour offrir ou recevoir des biens et des services gratuitement, dans le cadre de groupes Buy Nothing (ne rien acheter).

Mme Croft pose debout, faisant dos à l'avenue Mont-Royal piétonne.
«De savoir que ton bien va perdurer, qu’il va servir à d’autres dans ton quartier, c’est très satisfaisant», a confié Manuelle Croft. – photo : Devin Ashton-Beaucage

Manuelle Croft a profité de ses vacances récentes pour faire un peu de ménage et offrir certaines de ses possessions sur le groupe Buy Nothing De Lorimier, qui comprend des résidents du district du même nom, situé dans l’est du Plateau-Mont-Royal. 

«Je veux qu’elles puissent être utiles à quelqu’un d’autre. Puis, c’est le fun de pouvoir faire un don à quelqu’un du quartier», explique-t-elle au sujet de sa motivation.

Une initiative locale dans un réseau mondial

Buy Nothing De Lorimier ainsi que Buy Nothing Jeanne-Mance / Plateau et le Groupe sans achat Milton-Parc font partie des quelque 128 000 communautés qui ont adhéré au fonctionnement du Buy Nothing Project à travers le monde. 

Le concept a été lancé en 2013, dans l’État de Washington, par Liesl Clark et Rebecca Rockefeller. Les deux femmes s’étaient préoccupées des rebuts de plastiques qui s’échouaient sur les plages de l’océan Pacifique.

«Nous pensons que nos groupes hyperlocaux renforcent le tissu social de leur communauté», peut-on lire sur le site Web du projet.

Donner pour favoriser «un esprit de communauté»

Manuelle Croft s’est jointe à la communauté De Lorimier, qui couvre l’est du Plateau, au tournant de la présente décennie. 

Au-delà des bénéfices de pouvoir acquérir gratuitement des biens, elle dit aussi y avoir trouvé «un esprit de communauté» qu’elle n’avait pas connu sur des plateformes transactionnelles comme Marketplace ou Kijiji, même dans des cas de biens gratuits. 

«Quand il y a une transaction financière, ce n’est pas la même qualité d’échange que quand c’est un don.»

Elle dit alors s’être rendu compte qu’elle souhaitait davantage poser un geste utile que d’amasser des sous. 

«Les échanges, ce n'est pas juste matériel![...] On gaspille moins. On consomme mieux», affirme-t-elle. 

Les membres sont d’ailleurs encouragés à faire part de leur gratitude. Mme Croft offre un exemple personnel dans lequel elle avait reçu un don de six chaises de cuisine. Elle les a vernies et rembourrées. 

«J’étais fière de ma réalisation. Mais ça me faisait aussi plaisir de pouvoir signifier à la personne qui m’avait fait le don – et de le partager avec le groupe – que, non seulement ça m’était utile, mais qu’en plus, je l’avais revalorisée.»

Offre, demande et géographie

Le groupe Buy Nothing De Lorimier se retrouve sur Facebook pour communiquer. On peut y faire des publications annonçant un don, avec une photo et une description. 

Les membres désirant en faire l’acquisition sont encouragés à expliquer ce qui les pousse à le souhaiter et ainsi d’aider le membre donneur à faire son choix de destinataire. Il est également possible de demander un objet ou un service.

Au moment d’écrire ces lignes, une trottinette pour enfant, des souliers Converse roses, du brillant à lèvre, une veste de flottaison individuelle et une cage de transport pour chat se trouvaient parmi les objets offerts sur le groupe. À l’inverse, l’une des membres cherchait à emprunter un matelas de camping pour une nuit.

Bien que la possibilité d’adhérer au groupe soit exclusive aux résidents du district De Lorimier, Manuelle Croft souligne qu’il est toujours possible d’en créer d’autres ailleurs, en s’appuyant sur le même modèle. 

«Quand le groupe devient trop gros, ça devient plus difficile à gérer», précise Mme Croft.

Elle note également que le côté hyperlocal de l’initiative favorise les déplacements en transports actifs.

Plusieurs groupes Buy Nothing ont été créés à Montréal, selon une application lancée par le Buy Nothing Project, qui semble toutefois peu utilisée par les adhérents de la région. 

Carte de Montréal avec des points identifiant les emplacements des groupes BuyNothing.
L'application BuyNothing dénombre une quinzaine de groupes sur l'île de Montréal. (Saisie d'écran)

Il existe d’ailleurs un groupe Facebook pour les résidents du Mile End et d’Outremont, qui n’est pas répertorié sur l’application. Il ne comptait toutefois que 22 membres au moment d’écrire ces lignes.

Sortir de notre «zone de confort» pour mieux consommer

Manuelle Croft dit reconnaître les efforts qu’il faut déployer pour s’assurer qu’une possession soit réappropriée et redevienne utile. 

«C’est bien plus simple de jeter les affaires aux poubelles.»

Les membres de Buy Nothing devront prendre leur article en photo, le décrire de manière à ce que les personnes avec des limitations visuelles puissent saisir de quoi il s’agit, sélectionner la personne à qui il sera donné et organiser un rendez-vous. 

«Ce n’est pas toujours facile de rencontrer des gens, observe Mme Croft. C’est beaucoup de choses qui nous sortent de notre zone de confort.»

Elle considère toutefois qu’au final, la démarche est bénéfique. 

«De savoir que ton bien va perdurer, qu’il va servir à d’autres dans ton quartier – ta collectivité – c’est très satisfaisant.»

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