L’ancien cinéma Bijou sera transformé en 20 logements sociaux
Le Refuge des jeunes de Montréal créera 20 logements sociaux pour jeunes hommes en situation ou à risque d’itinérance dans un ancien cinéma de l’avenue Papineau.
Le Refuge des jeunes de Montréal créera 20 logements sociaux pour jeunes hommes en situation ou à risque d’itinérance dans un ancien cinéma de l’avenue Papineau.
«Ça va être un beau lieu pour 20 jeunes personnes qui vont vraiment changer de mode de vie», souligne France Labelle, directrice générale du Refuge des jeunes de Montréal, en parlant de la transformation à venir du 5030, avenue Papineau.
Elle y voit des «percées» et de «beaux espoirs» parmi «tout ce qui va mal».
Les locataires sélectionnés seront des utilisateurs du service d’accueil d’urgence du Refuge des jeunes, situé sur la rue Sainte-Catherine. Ils seront donc déjà connus de l’organisme.
Bien que le loyer sera subventionné, les locataires seront tout de même appelés à verser un certain montant pour leur studio meublé. Mme Labelle indique que ce dernier sera équivalent à environ 30% de leurs revenus.
«On vise la stabilité résidentielle, puis l'amélioration de leurs conditions de vie et de santé, pour faire en sorte qu'après ce passage-là, le fait d'être sans-abri ne soit qu'un mauvais souvenir», explique-t-elle. Une équipe d’intervenants sera attitrée à l’immeuble, notamment pour aider à atteindre cet objectif de réinsertion sociale.
«On parle d'habiter au sens fort d'“habiter”. Pas juste avoir un logement précaire, mais où pouvoir s'ancrer les pieds», souligne la directrice générale.

Le bâtiment a déjà été acquis grâce aux fonds de la Fondation Refuge des jeunes de Montréal. Il devra toutefois être rénové. Le tout représente un investissement estimé à 10 millions $.
«On cherchait un immeuble vacant parce qu’on ne veut pas faire l'expulsion de locataires», souligne la directrice générale.
Elle ajoute que, par souci de s’intégrer à la communauté, son organisme préférait éviter les «trop grosses structures». Des membres du voisinage ont d’ailleurs déjà été rencontrés.
Un comité de financement a été mis sur pied afin de trouver les sommes nécessaires pour lancer les rénovations. Mme Labelle indique que les travaux pourraient débuter dès le printemps 2026.
Les 20 logements sur Papineau, dans Le Plateau-Mont-Royal, viendront s’ajouter aux 23 autres, gérés par le Refuge des jeunes, dans le quartier Hochelaga.
«On a l'expérience, depuis 1999, de l'accompagnement de jeunes en réinsertion, en logement social. Autrement dit, on répète notre modèle, mais dans un autre quartier», note France Labelle. Elle indique d’ailleurs que les résidents de l’immeuble d’Hochelaga forment aujourd’hui une communauté entre eux et avec le voisinage.
«Leur vie s’en trouve nettement améliorée.»
Ces initiatives viennent s’ajouter aux services du refuge et du centre de jour offerts par l’organisme dans le quartier Centre-Sud.
«On est en train de devenir des promoteurs immobiliers parce qu'il n'y a pas d'autre forme de développement qui convient à des populations qui s'appauvrissent», laisse-t-elle tomber au sujet d’organismes de lutte contre l’itinérance qui multiplient les initiatives de création de logements accessibles. Une simple augmentation du nombre d’unités vacantes ne sera pas suffisante pour contrer les maux de la crise du logement si l’abordabilité n’est pas au rendez-vous, soutient-elle.
«Les organismes communautaires sont là pour répondre à des besoins auxquels, trop souvent, on ne répond pas; à des jeunes qui ont échappé à tous les systèmes d'aide et de protection», résume-t-elle, donnant en exemples des projets de la Maison du Père, de la Mission Old Brewery et du Chaînon.
«Sinon, il n'y a pas de porte de sortie. Les gens sont coincés dans l'urgence [... et] n’arrivent plus à répondre à leurs besoins de base».
Elle note en ce sens les défis que peuvent représenter les enjeux de santé mentale, les troubles du spectre de l’autisme ou la précarité de certains migrants, et qui peuvent contribuer à ce que quelqu’un se retrouve à la rue.
«Ouvrir des haltes-chaleur, c'est bien beau, mais ce n'est pas une réponse structurante et pérenne.»

Elle dit voir d’un bon œil la récente proposition de trois promoteurs immobiliers qui espèrent construire 2500 logements à Montréal pour les personnes en situation d’itinérance, le tout sans empocher de profits.
Cela dit, la directrice générale déplore être «entendue tardivement», alors qu’elle lance les mêmes mises en garde depuis une quarantaine d’années.
«On dirait qu’on est toujours réactifs. Puis, on les connaît, les solutions pour réduire l’itinérance.»
Elle note en ce sens le soutien adéquat aux organismes communautaires et aux programmes d’employabilité, une quantité suffisante de logements abordables, et de s’attarder aux voies qui ont tendance à mener vers l’itinérance.
Elle indique que ces dernières sont notamment empruntées par des migrants dont on a coupé l’aide sociale, des personnes qui sortent de l’hôpital ou de prison, ainsi que les jeunes ayant été pris en charge par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).
«Si on n'intervient pas en amont sur la pauvreté, sur les conditions de vie et de santé, bien, on prépare pour l'itinérance.»
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