Partage & Solidarité cherche un local pour décupler son aide alimentaire
L’organisme Partage & Solidarité réduit le gaspillage alimentaire en transformant, chaque mois, 40 tonnes de nourriture invendue en paniers alimentaires gratuits.
L’organisme Partage & Solidarité réduit le gaspillage alimentaire en transformant, chaque mois, 40 tonnes de nourriture invendue en paniers alimentaires gratuits.
Partage & Solidarité se cherche un local, à bon prix, afin d’améliorer ses opérations. Depuis sa fondation, il y a huit ans, l’organisme de lutte contre l’insécurité alimentaire gère ses opérations avec trois camionnettes et des installations temporaires.
Aujourd’hui, il distribue quelque 1000 paniers par mois à partir du Plateau-Mont-Royal.
«On est nomade[...] Nos camions, ils sont très fatigués!», illustre la directrice générale et fondatrice Atlantide Larouche Desrochers.
«Il nous faut un local; un lieu fixe avec une cuisine», poursuit-elle. Elle souhaite que son équipe, entièrement formée de bénévoles, puisse avoir des conditions de travail «décentes» et, éventuellement, offrir des plats préparés, ce qui n’est pas possible avec la formule itinérante actuelle. Elle espère donc pouvoir s’installer dès le mois de janvier.
«Je pourrais faire dix fois plus. J’ai l’expertise maintenant», affirme la directrice générale, qui gagne sa vie avec un autre emploi. «Mais j’aurai les pieds et les mains liés tant que je devrai travailler avec mes camions dans des cuisines différentes tous les jours.»
Un local fixe lui permettrait de mieux gérer les surplus, d’utiliser les aliments «cuisinables», mais «pas beaux» dans des soupes, par exemple, et d’organiser une cuisine collective.
La quête de Mme Larouche Desrochers n’est pas sans défis. Tout d’abord, son budget mensuel maximal pour un loyer est de 1300$.
«Évidemment, on aimerait payer beaucoup moins», dit-elle, notant les autres frais matériels, dont ceux liés à l’entretien des camions.
Elle dit également être bouleversée face à de la discrimination de la part de propriétaires lorsqu’ils apprennent la nature de son projet. «Ils me disent des phrases et des mots que je ne peux même pas répéter.»




Images de nourriture trouvée dans les poubelles qu'Atlantide Larouche Desrochers a soumis à la Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs de la Ville de Montréal, en 2021, dans le contexte de la Consultation publique sur la cessation du gaspillage alimentaire. – saisies d'écran
Quand elle s’était installée dans Le Plateau-Mont-Royal, il y a une dizaine d’années, la mère de trois enfants, qui cumulait autant d’emplois, avait été marquée par la nourriture qu’elle voyait jetée aux poubelles.
En contraste avec l’opulence qui l’entourait, elle a observé le fonctionnement de banques alimentaires, où il fallait remplir des «questionnaires qui n’en finissent plus de fouiller dans l’intimité» pour repartir avec «des denrées complètement insuffisantes».
«C’était quelque chose qui m’avait vraiment sidérée; qui m’avait révoltée», se remémore-t-elle, critiquant l’inaction des gouvernements face à ce gaspillage.
«Il y a toujours eu des gens qui ont manqué de tout. Actuellement, c'est une situation économique épouvantable, et on continue de jeter», poursuit-elle, soulignant les aliments écartés, cultivés par des agriculteurs locaux «qui ont mis tout leur cœur là-dedans» et ceux qui viennent de «l’autre bout du monde».
Atlantide Larouche Desrochers a entamé sa mission en récupérant de la nourriture dans des bennes à ordures avec l’aide de son fils aîné, pour la redistribuer dans la rue. Puis est venue la création de frigos communautaires.

Aujourd’hui, Partage & Solidarité collabore directement avec des commerçants de manière à ce qu’ils fournissent la nourriture non vendue directement à l’organisme au lieu de la jeter.
«On récupère 40 tonnes de nourriture tous les mois. On trie et on compose 3500 paniers alimentaires gratuits pour les gens qui en ont besoin», souligne la directrice générale au sujet des efforts de son organisme.
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Lesdits efforts ont d’ailleurs été récompensés du Prix pour le bénévolat du Canada 2021 dans la catégorie «Innovation sociale» par Karina Gould, qui était alors ministre responsable du Développement social.

Contrairement à ce qu’elle a observé en banque alimentaire, Mme Larouche Desrochers a dit vouloir mettre sur pied un système où les demandeurs d’aide alimentaire n’auraient pas à fournir de justificatifs pour être servis.
«Il suffit de s'inscrire, de prendre un rendez-vous sur la plateforme GOrendezvous et hop! C'est parti. On vient chercher le panier. C'est gratuit, évidemment.»
Les rendez-vous ont lieu chaque semaine, dans les locaux d’organismes partenaires, situés dans des arrondissements centraux de la Ville. Dans Le Plateau, la distribution se fait sur deux jours dans les locaux de la Maison de l’amitié, sur l’avenue Duluth.
En 2024, cette dernière indiquait que 900 à 1000 paniers alimentaires étaient distribués tous les mois, grâce à son partenariat avec Partage & Solidarité.
«Là, ce que je veux, c'est centraliser le tout de façon à toujours pouvoir desservir les mêmes communautés, mais avoir un point fixe où tout le tri va se passer et où il y aura une permanence», explique Atlantide Larouche Desrochers.
«Je veux faire quelque chose qui fonctionne et qui est utile. C'est une mission qui m'est tombée dessus. Je n'ai aucun mérite. J'ai vraiment envie de faire ça. J'aime ça.»
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