L’organisme Plein Milieu réclame des installations sanitaires et des soins de santé ambulants pour la population itinérante du Plateau, notamment pour près d’une centaine de personnes qui vivent dans des campements.
La bibliothèque du Plateau et des organismes communautaires offrent des trousses de lecture et des ateliers pour aborder le sujet de l’itinérance avec les enfants.
Plein Milieu demande des services d’hygiène et de santé dans les campements
L’organisme Plein Milieu réclame des installations sanitaires et des soins de santé ambulants pour la population itinérante du Plateau, notamment pour près d’une centaine de personnes qui vivent dans des campements.
«Ma principale attente à l’égard de [la nouvelle mairesse du Plateau-Mont-Royal, Cathy] Wong, c’est de soutenir les personnes qui habitent la rue», indique la directrice adjointe de l’organisme, Ann Lalumière.
Elle souhaite voir cesser les démantèlements de campements, qui sont souvent provoqués par des plaintes citoyennes liées à des enjeux d’hygiène, selon elle.
«Si les gens avaient accès à des installations sanitaires, si on pouvait coordonner les services des cols bleus, notamment les collectes de déchets, avec la présence des personnes sur les espaces publics, je pense qu'on pourrait nettement améliorer la situation.»
«Je ne pense pas que quiconque ait du plaisir à uriner ou à déféquer sur la place publique.»
Le Plateau privilégie les refuges
Du côté du cabinet de la mairesse du Plateau-Mont-Royal, on dit veiller à la sécurité des campements et que la «plupart des sites sont situés à proximité de toilettes publiques.»
Bien que l’on reconnaisse l’amélioration potentielle que pourraient apporter de nouvelles installations sanitaires au niveau de l’hygiène, on dit privilégier «le référencement vers des refuges et ressources offrant des installations complètes».
«Rappelons que les campements ne sont ni une solution durable ni digne», écrit-on. Cela dit, l’arrondissement ne ferme pas la porte à l’ajout de toilettes portatives sur son territoire.
«J'aimerais qu'on se rappelle qu'on parle d'êtres humains qui ont besoin d'être aimés et soutenus au quotidien, et non pas d’un problème à régler», lance Ann Lalumière. – photo : Devin Ashton-Beaucage
Demande de soins ambulants
Ann Lalumière aimerait aussi voir des services de santé offerts dans les campements. Elle estime qu’il est irréaliste de s’attendre à ce que des personnes non logées se rendent dans des points de service du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS).
«Personne ne veut quitter sa tente pendant quelques heures pour obtenir des soins au risque de se faire voler le peu d’effets personnels qui lui reste.»
Elle lance d’ailleurs l’idée que des ressources de rangement vouées aux effets personnels des personnes non logées soient mises en place.
Le cabinet de la mairesse Wong appuie cette revendication de Plein Milieu, indiquant qu’une «présence accrue sur le terrain serait un atout majeur pour gérer efficacement et prévenir l'itinérance.»
L’administration du Plateau dit d’ailleurs avoir interpellé régulièrement le CIUSSS ainsi que des élus provinciaux, dont l’ancien ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, au sujet des soins de santé offerts aux personnes en situation d’itinérance.
Pour sa part, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (CCSMTL), offre des services dans les locaux de Plein Milieu toutes les deux semaines, depuis six mois, avec l’appui de la Mission Old Brewery.
Ces équipes «rencontrent également les usagers en campement lorsque la situation le demande», précise Danny Raymond, conseiller aux relations médias. «Cependant, le CCSMTL n’a pas la capacité d’être présent dans tous les campements. L’itinérance demeure un phénomène en expansion, entraînant une augmentation des besoins.»
M. Raymond souligne toutefois les offres de proximité du CIUSSS, dont les services en CLSC, en milieu communautaire ainsi que les cliniques mobiles mises sur pied en partenariat avec des travailleurs de rue.
«Chercher à survivre» dans des campements
Selon Ann Lalumière, au-delà de cent individus habitent les campements du Plateau-Mont-Royal. Elle affirme que la croissance de ce phénomène de communautés de tentes a été observée pendant la pandémie de COVID-19.
Face à la fermeture de services et le sentiment d’abandon pendant le confinement, leurs occupants se seraient solidarisés afin de survivre.
«Le droit de se loger, c'est un droit fondamental qui doit être défendu. Et si on ne peut pas se loger dans des appartements parce qu'on n'a pas les moyens de le faire, il m'apparaît 100% légitime de chercher à survivre en s'abritant quelque part.»
Interventions du SPVM dans les campements du Plateau
À l’inverse du CIUSSS, la directrice adjointe de Plein Milieu souhaite voir les agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) minimiser leurs interventions auprès des campements.
«On observe beaucoup d'interventions policières faites au nom de la prévention et du soutien à offrir aux personnes. Pour celles qui se font interpeller régulièrement, c'est plutôt vécu comme du profilage.»
Elle affirme qu’une entente avait été conclue, voulant que l’arrondissement et les travailleurs de rue soient les seuls interlocuteurs à s’y rendre. De cette manière, on limiterait entre autres la transmission d’informations incohérentes aux personnes sans adresse civique.
«Je ne pense pas que ce soit mal intentionné. Par contre, c'est réellement vécu comme du harcèlement», précise-t-elle au niveau des comportements policiers.
Une tente installée près du skatepark Van Horne, dans le Mile End. - photo: Gaëlle Engelberts
Au SPVM, on reconnaît que des «rôles et responsabilités» ont été définis de manière informelle, lors d’une rencontre entre son poste de quartier (PDQ) 38, l’arrondissement et Plein Milieu, il y a plus d’un an.
«Le poste de quartier 38 a de bonnes relations avec les organismes sociocommunautaires de son territoire, qu’il considère comme des partenaires essentiels à l’accomplissement de sa mission», affirme la chargée de communication du SPVM, Anik de Repentigny.
«Comme il le fait toujours, le PDQ communiquera rapidement avec Plein Milieu pour discuter de la situation alléguée et apporter des correctifs s’il y a lieu de le faire», ajoute-t-elle.
«[C]haque fois que l’organisme a soulevé un enjeu potentiel, le PDQ a rapidement pris les mesures appropriées», soutient-elle, indiquant que des rencontres entre les deux entités ont lieu régulièrement.
Quant au cabinet de la mairesse du Plateau, il souligne l’autonomie du SPVM. Cela dit, on souhaite favoriser «une approche de concertation» où les interventions policières ne se feraient qu’après que les autres intervenants ont épuisé leurs moyens.
«Pour nous, c'était une occasion de mieux entendre les défis de ces organismes sur le terrain et de s'assurer qu'il y ait une concertation avec l'ensemble des partenaires pour vraiment faire avancer ces dossiers qui sont urgents et prioritaires pour notre arrondissement», avait expliqué Cathy Wong en novembre, au sujet d'une rencontre avec des organismes liés à l'itinérance. – photo : Devin Ashton-Beaucage
Des priorités municipales qui suscitent l’espoir
Mme Lalumière se montre optimiste face aux priorités de la nouvelle mairesse du Plateau, Cathy Wong, qui a invité les organismes liés à l’itinérance à la rencontrer le lendemain de son assermentation.
Elle se réjouit également du fait que l’itinérance et la crise du logement étaient «au cœur des campagnes de tous les partis qui se présentaient à Montréal», dans le contexte des élections municipales, incluant celle d’Ensemble Montréal, qui a pris le pouvoir à l’hôtel de ville.
«Ce serait souhaitable qu’ils le deviennent lorsqu’il y aura des élections provinciales», lance-t-elle.
«J'aimerais qu'on se rappelle qu'on parle d'êtres humains qui ont besoin d'être aimés et soutenus au quotidien, et non pas d’un problème à régler».
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La bibliothèque du Plateau et des organismes communautaires offrent des trousses de lecture et des ateliers pour aborder le sujet de l’itinérance avec les enfants.