Un retrait, un retour et deux recours
Un résumé des nouvelles de Milton-Parc du 12 au 18 décembre 2025.
Depuis la rentrée d’automne 2025, les étudiants de l’université McGill ne peuvent plus utiliser leur oneCard pour effectuer des transactions à l’extérieur du campus.
Des commerçants du quartier Milton-Parc, territoire qui borde le campus du centre-ville de l’Université McGill, subissent une baisse de ventes depuis l’automne.
Certains attribuent cette situation à une nouvelle politique de McGill qui restreint l’usage de la oneCard aux restaurants et commerces du campus.
La oneCard est distribuée à tous les étudiants de première année et comprend un montant de base variant entre 400$ et 600$. Certains étudiants continuent de l’utiliser après ce stade.
L’argent peut être utilisé pour acheter du matériel scolaire ainsi que de la nourriture. Les types de dépenses et les lieux où elles peuvent être faites sont ainsi limités.
Au fil du temps, des partenariats avaient été créés avec des commerçants situés à l’extérieur du campus, qui se trouvaient alors sur une liste de transactions pouvant être effectuées avec la carte.
Plusieurs d’entre eux se trouvent dans Milton-Parc.

«Les commerçants du quartier Milton-Parc sont victimes d’une nouvelle politique de l’Université McGill», estime Richard Phaneuf, un citoyen engagé de Milton-Parc.
Parlant de «dévitalisation du quartier», M. Phaneuf a demandé aux élus de communiquer avec l’établissement d'enseignement postsecondaire à ce sujet.
Lors de la séance ordinaire du conseil d’arrondissement du 1er décembre, Alex Norris, conseiller de Ville du district Jeanne-Mance, qui englobe Milton-Parc, a dit vouloir obtempérer afin de mieux comprendre la situation. Il a également indiqué que des fonctionnaires étaient déjà entrés en contact avec l’université.
«Bien évidemment, on souhaiterait renforcer les liens économiques entre l’Université McGill et la communauté d'accueil, et notamment les commerçants de l’avenue du Parc», a-t-il affirmé, disant qu’il serait souhaitable, «à première vue», de permettre que la carte transactionnelle puisse être utilisée à l’extérieur du campus à nouveau.
«Mes ventes ont chuté», a confié Joy Rahaman, du Poke Monster des Galeries du Parc. «Ça a un gros impact sur les affaires. C’est fou», a-t-il indiqué au sujet des changements à la oneCard.
Il dit avoir tenté d’appeler l’Université McGill à plusieurs reprises pour comprendre, mais est demeuré sans réponse.
Le restaurant Lola Rosa, sur la rue Milton, dit avoir été moins affecté par ce changement. La proportion d’étudiants qui fréquentent cet établissement est moins importante qu’ailleurs dans le quartier.

Quant au restaurant St-Hubert des Galeries du Parc, il s’apprête à quitter le quartier. Bien que la fin du partenariat avec oneCard ait eu un impact sur son chiffre d’affaires et qu’il décrit Milton-Parc comme étant un quartier «très difficile», le directeur général du restaurant St-Hubert des Galeries du Parc, Yvon Plourde, assure cependant que cette décision vise avant tout à se retrouver dans un lieu plus grand et attirant.
«On est rendu là, après seize ans d’opération. Notre restaurant va très bien.»
M. Plourde raconte avoir été parmi les premiers partenaires de la oneCard, il y a de cela plus de dix ans. Sa succursale devenait donc une destination de choix pour les étudiants de McGill.
«J’avais de gros revenus avec eux», note-t-il au sujet de cette époque. «Je crois que les étudiants l’aimaient vraiment, cette carte-là.»
L’ajout d’autres commerces à la liste des transactions admissibles est donc venu diluer sa situation avantageuse. La concurrence en général s’est aussi multipliée au fil des ans, souligne-t-il. Il s’était alors retourné vers des plateformes de livraison, comme UberEats ou DoorDash pour faire croître sa clientèle.
L’Alliance des commerçants de l’avenue du Parc (APAC) n’était pas en mesure de commenter la situation. Son président, Shadi Debbaneh, était en vacances lorsque nous avons tenté d’obtenir une réaction.
Du côté de l’université, on affirme qu’au «fil du temps, l’utilisation hors campus a diminué et les coûts administratifs liés au maintien [des] partenariats ont augmenté.»
«Afin d’assurer la pérennité du programme, nous avons choisi de nous concentrer sur nos partenaires présents sur le campus. Ce changement contribue à renforcer un écosystème alimentaire dynamique et viable sur le campus», a indiqué le service des relations avec les médias.

Contactée, l’Association étudiante de l’Université McGill n’a pas offert de réponse. Certains étudiants ont toutefois accepté de nous parler.
«Si on pouvait utiliser la oneCard partout, ce serait beaucoup mieux!», lance Eric Bao, un étudiant de deuxième année en Physique et sciences, qui avait l’habitude de fréquenter les restaurants de l’avenue du Parc. «C’était vraiment plaisant de pouvoir tout essayer.»
«Quand on avait accès à tous les magasins, je sentais qu’on était encouragé à l’utiliser davantage. [...] Ça limite vraiment la diversité de produits que l’on peut se procurer.»
«C’est vraiment dommage», a commenté une autre étudiante de deuxième année, qui dit avoir pu en profiter à l’extérieur du campus l’année dernière, notamment au Poke Monster de l’avenue du Parc.
«J’ai l’impression que c’est là où j’ai fait le plus de dépenses avec ma oneCard: dans des lieux hors campus.»
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