Une médaille, une piste et des projections
Cette infolettre résume les nouvelles du Mile End du 17 au 23 octobre 2025.
La délocalisation prolongée fragmente la communauté de cette école primaire du Plateau, en plus de soulever des questions sur la gestion des infrastructures scolaires.
Pour une quatrième rentrée de suite, les élèves de l’école primaire Laurier ont dû se rendre jusque dans Villeray pour retrouver leurs enseignants. Mercredi, la députée provinciale de Mercier, Ruba Ghazal, s’est rendue au bâtiment temporaire pour l’occasion, en plus d’aller à la rencontre de parents en fin de journée.
Ceux-ci attendaient l’autobus qui allait leur ramener leurs enfants dans le stationnement du Centre Champagnat, d’où on peut voir les façades orangées, sans briques, de l’édifice en rénovation du 505, avenue Laurier E. Le personnel et les élèves étaient initialement censés réintégrer ces lieux après deux ans de travaux, en 2024.
En mai, les dernières informations fournies sur les travaux notaient l’impossibilité de fournir «un échéancier détaillé et une date officielle de retour» due à «des difficultés [qui] ont malheureusement entravé ce processus.»
Mme Ghazal compte suivre le dossier et dit avoir déjà rencontré le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM). Elle a également annoncé son souhait d’obtenir des réponses aux questions des parents de la part du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, ou la personne qui lui succédera après le remaniement ministériel de l’automne, annoncé par le premier ministre François Legault.
«En ce moment, il n’y a pas de réponses, il n’y a pas de transparence face à leurs questions», a-t-elle laissé tomber, faisant écho aux propos du président du conseil d’établissement de l’école Laurier, David Quirion.
Notant les restrictions budgétaires en éducation et consciente du litige entre l’entrepreneur responsable des travaux au 505, avenue Laurier E. et le CSSDM, celle qui est co-porte-parole de Québec solidaire estime tout de même que la logistique et l’entretien des édifices de l'État pourraient profiter d’une meilleure planification.
La députée de Mercier a également noté les impacts de l’absence de l’école sur la vie dans le quartier et les liens tissés à travers la communauté.
«Tout ça s’est perdu, malheureusement, à cause de cette délocalisation».
Ses propos ont rejoint ceux de Vanessa, mère de deux élèves qui a préféré taire son nom de famille.
«C'est ce qui me fait le plus mal au cœur, de voir qu'il y a plein d'amis qu'on ne connaît juste pas», a confié celle qui a dit avoir recherché une «vie de village» dans Le Plateau.
Malgré l’enseignement et l’offre sportive de l’école de ses enfants, qu’elle estime de grande qualité, elle déplore que la délocalisation ait poussé plusieurs parents à inscrire leurs enfants ailleurs que l’école Laurier, créant ainsi un morcellement de la communauté, selon elle.
Vanessa craint aussi que les «gens louches», qu’elle a observés aux alentours du bâtiment de l’avenue Laurier depuis qu’il a été déserté, ne prennent l’habitude de fréquenter les lieux à plus long terme en conséquence de la délocalisation prolongée de l’école.
Elle se montre toutefois reconnaissante que ses enfants puissent profiter de la qualité de l’édifice temporaire du quartier Villeray.
«Je préfère qu'ils soient dans une belle école, qui n’est pas la maison mère, où l’air circule et où il ne fait pas trop chaud quand les jours d'été arrivent, concède-t-elle, qualifiant le local que fréquentait anciennement son fils de “sauna”. Mais je n'ai pas confiance que l'édifice qu'on va nous rendre après quatre ans va être à la hauteur des attentes.»
Samuel, un élève de cinquième année dont nous avons changé le nom à la demande de son père, a d’ailleurs dit préférer la nouvelle école.
«La cour d’école est plus grande, les terrains de soccer sont meilleurs et on a plus de place pour jouer», a-t-il dit sans hésiter, avant de concéder que ces souvenirs de l’ancien site sont vagues.
Son père a toutefois souligné les complications liées aux déplacements quotidiens. Il a aussi qualifié les efforts de communications du CSSDM d’«un peu nuls, voire absents» tout en louangeant le travail du personnel de l’école.
De son côté, Cindy Couture s’est montrée peu dérangée par la délocalisation.
«C’est sûr qu’on a hâte que ça revienne dans le quartier, mais en même temps, ça se passe assez bien, je dois dire[...] Je pense que c’est plus stressant pour les parents que pour les enfants», a-t-elle nuancé en attendant son enfant inscrit dans une classe de deuxième année, qui n’a jamais fréquenté l’édifice du 505, avenue Laurier E.
Au cours des dernières années, l’école Laurier a connu une baisse d’inscriptions, passant de 494, en 2021-2022, à 350, l’année dernière. Le CSSDM dit observer des diminutions à travers le quartier. En conséquence, des postes ont été supprimés, dont un de direction adjointe, et des tâches ont été réduites.
Le fils de Romina Feler a perdu l’orthophoniste qui le suivait depuis un an. Cela dit, le service pourrait tout de même continuer de lui être offert, mais par un autre professionnel.
«L'orthophoniste qui vient d'arriver doit recommencer à prendre connaissance de tous les dossiers», a souligné Mme Feler.
Elle a aussi noté que la direction adjointe, maintenant disparue, était responsable de gérer la coordination avec le personnel spécialisé et craint une «surcharge» du côté de la directrice.
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