Violences sexuelles en milieu festif: Le Plateau investit près de 50 000$

Ce financement est annoncé dans la foulée des incidents de faux chauffeurs de taxi et de la multiplication de dénonciations de cas d'intoxication au GHB, « la drogue du viol ».

On voir des verres sur un bar coloré aux multiples reflets.
L'équipe du projet Spotlight PMR se déplace dans des milieux festifs dans un effort de réduction des incidents violents. – Adobe Stock

L’arrondissement du Plateau-Mont-Royal a distribué 49 882$ au Groupe de recherche et d’intervention psychosociale (GRIP) afin de bonifier son programme de prévention des violences sexuelles. Il s’agit du projet Spotlight PMR.

«Le GRIP est le seul organisme communautaire au Québec qui a comme mission principale d'intervenir en milieu festif[...] dans le but de réduire les risques», explique la directrice générale par intérim, Pamela Binette.

Les services de l’organisme fondé en 1997 ont notamment été offerts dans des raves et plusieurs grands festivals extérieurs montréalais.

Le Plateau, lui, abrite le plus grand nombre de lieux de diffusion culturelle de tous les arrondissements, à l’exception de Ville-Marie. 

Cette bonification arrive quelques semaines après que Le Journal de Montréal eut rapporté que des faux chauffeurs de taxi profitaient de l’inattention de personnes sortant des bars du secteur, menant à des situations abusives.

Spotlight dans les événements festifs du Plateau

Depuis la mi-mai et jusqu’à l’Halloween, une équipe de deux membres du GRIP, appuyée par un intervenant de l’organisme Plein Milieu, se présente dans des lieux publics à des moments ciblés.

Elle était présente les jeudis, vendredis et samedis pendant le festival Mural, le sera de nouveau lors des célébrations de la Fête nationale du Québec ainsi que pendant le festival Pop Montréal, indique Pamela Binette.

«On essaie de se rajouter à la vie festive du Plateau», résume-t-elle. 

«Quand il y a moins d’activités, on va se promener sur les rues piétonnes, sur le boulevard Saint-Laurent et dans certains parcs qui sont animés par la fête.»

Éduquer au consentement et former des «témoins actifs»

La petite équipe part à la rencontre des gens avec une approche éducative. Les notions de consentement et de «témoin actif» sont alors abordées.

«L'approche “témoin actif”, c'est de dire aux gens d'agir quand ils voient quelque chose, que ce soit de dénoncer, de distraire la personne, d'avertir la sécurité, ou de venir chercher des personnes du GRIP[...] pour que le poids de réduction de la violence sexuelle dans le milieu festif ne soit pas nécessairement juste sur les victimes, mais sur l'ensemble des personnes qui fréquentent le milieu», explique Mme Binette.

«L’objectif, c’est surtout de ne pas rester passif quand on voit une situation de violence sexuelle», résume-t-elle.  

Le GRIP développe aussi des partenariats avec les commerçants de l’arrondissement, notamment ceux des bars. Toujours dans un objectif de prévention, des affiches sont posées et un lien de communication est créé avec le personnel des établissements, et ceux attitrés à la sécurité en particulier.

Du soutien aux victimes en marge du travail des policiers

Sans forcément s’interposer dans une situation de violence physique – des policiers ou agents de sécurité seront plutôt ceux qui se chargeront de ce genre de chose – l’équipe du projet Spotlight PMR offre du soutien aux victimes. 

«On essaie de favoriser le sentiment de sécurité. C’est une de nos grosses priorités avec le projet Spotlight», souligne Mme Binette.

Concrètement, l’équipe du GRIP pourra être appelée à accompagner une personne seule et vulnérable jusqu’à un taxi, par exemple. Elle interviendra aussi dans des cas de harcèlement verbal. 

«Il nous est arrivé d’intervenir dans des contextes où des gens se faisaient filmer sans leur consentement», ajoute la directrice générale. 

La violence conjugale est également dans la mire du projet Spotlight. 

«On prend tout le temps de s'assurer que c'est sécuritaire, note Mme Binette en ce qui concerne l’évaluation du risque faite par ses équipes. Mais des fois, juste d’aller demander “Est-ce que ça va bien ici? Ça a l'air un peu tendu”, et de présenter le GRIP, ça ouvre des portes. Parfois, les gens se séparent, ce qui nous donne une perche pour aller voir si l’une des personnes est correcte.»

«Notre approche, c'est de privilégier le bien-être des victimes. Si le contexte le permet, on agit aussi au niveau des agresseurs, mais toujours avec le consentement de la [victime].»

Financement du projet Spotlight

Le projet Spotlight était initialement financé par le gouvernement fédéral à raison d’environ 130 000$ par année, et ce, depuis 2022. Cette source s’est toutefois épuisée le 31 mars dernier.

Cela dit, en 2024 et en 2025, la Ville de Montréal a décidé d’injecter quelque 100 000$ par an dans le projet à travers son programme Prévention Montréal. Ces fonds ne sont toutefois pas destinés exclusivement au territoire du Plateau-Mont-Royal, comme c’est le cas pour la bonification de 49 882$ octroyée par l’arrondissement le 2 juin dernier.

Mme Binette pose devant un mur des bureaux du GRIP sur lequel le nom de l'organisme est écrit en grosses lettres colorées.
Le consommation, les milieux festifs et les violences sexuelles sont indissociables, note la directrice générale par intérim du GRIP, Pamela Binette, au sujet du changement d'approche de son organisme. – photo : Devin Ashton-Beaucage

Un mandat qui s’élargit pour l’organisme GRIP

Fondé en 1997, le GRIP s’attaquait initialement surtout aux dangers liés aux substances psychoactives. L’organisme offre d’ailleurs un service de vérification de substances permettant d’identifier des ingrédients nocifs qui peuvent y être mêlés. 

Le GRIP offre aussi des formations en lien avec sa mission à des groupes scolaires ou professionnels. 

Étant déjà présent dans plusieurs festivals, raves et autres événements festifs, l’organisme a officiellement ajouté les violences à caractère sexuel dans sa mire, il y a trois ans.

«On se rendait compte que la consommation, c’est assez indissociable des milieux festifs, mais des violences sexuelles aussi», explique Mme Binette, ajoutant que son organisme s’attaquait tout de même aux violences sexuelles avant l’arrivée du projet Spotlight.

«On le faisait toujours un peu, mais ce n’était pas notre mandat principal.»

Un rapport du Conseil des Montréalaises, paru en 2017 et portant sur la sécurité lors d’événements extérieurs, ainsi que les vagues du mouvement #MoiAussi qui avaient frappé le Québec ont poussé le GRIP à repenser son mandat.

«Il y avait aussi une vague de dénonciation d'utilisation de GHB à titre de soumission chimique dans les événements», ajoute la directrice générale au sujet du contexte postpandémique dans lequel est né le projet Spotlight.

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