Un marché fermier six jours sur sept dans Le Plateau
Tous les jours sauf le samedi, l’arrondissement accueille des marchés fermiers qui permettent d’acheter des produits locaux et rompre l’isolement.
Le Cahier Habitation de la CDC du Plateau-Mont-Royal souligne que 293 logements ont été perdus en six ans dans l’arrondissement.
Alors que le grand jour du déménagement marquait le calendrier de cette semaine au Québec, l’agente de concertation – volet habitation et table de quartier de la Corporation de développement communautaire (CDC) du Plateau-Mont-Royal, Anaïs Hélie-Martel, craint les impacts des changements d’adresse sur l’abordabilité du parc locatif.
«C’est là qu’il y a les plus grosses hausses de loyers, quand il y a des changements de locataires», souligne-t-elle.
À cela s’ajoutent les nouvelles méthodes de calcul d’augmentation de loyer, instaurées par la ministre québécoise de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, et la recommandation du TAL d’une hausse de 5,9% – du jamais vu en 30 ans.
«Ça nous inquiète énormément», laisse tomber l’agente de concertation de la CDC du Plateau, qui dit observer une augmentation de ménages se retrouvant sans logement à la fin de leur bail.
Elle souhaite donc voir la mise en place d’un registre et d’un gel des loyers au Québec.
Ces souhaits font écho à des recommandations du Cahier Habitation 2025, publié par la CDC en avril. Dans le document, le Comité Habitation et Aménagement de l’organisme dit souhaiter «orienter le développement du territoire du quartier dans une direction plus équitable, plus juste et surtout plus solidaire.»
On y note que le cinquième de la population du Plateau vit toujours sous le seuil de la pauvreté, malgré l’embourgeoisement. On indique aussi que plus du tiers des ménages locataires de l’arrondissement doivent payer un loyer équivalent à plus de 30% de leurs revenus.
En se basant sur les données plus récentes de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, le comité souligne le faible taux d’inoccupation de logements (0,6%) et particulièrement celui des logements à plus de deux pièces fermées (0,1%) dans Le Plateau-Mont-Royal.
Il est plus ou moins convenu qu’un taux d’inoccupation de 3% correspond à un point d’équilibre sur le marché locatif.
«Entre 2017 et 2023, l’arrondissement dénombre 293 logements perdus à cause de travaux majeurs, dont 136 logements perdus par la transformation de duplex en résidences unifamiliales», peut-on lire dans le Cahier Habitation 2025.
Le document se réfère également aux données du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) en ce qui concerne les évictions. Ce dernier a noté que les évictions forcées rapportées par ses membres avaient bondi de 950 à 2306, entre 2022 et 2023, à Montréal.
Afin d’améliorer la situation, le Comité Habitation et Aménagement souhaite un renforcement de la protection des locataires, qui forment plus de 70% des ménages du Plateau.
Celui-ci passerait notamment par une bonification de l’aide juridique et du financement d’organismes comme les comités logement, ainsi que par la restriction du droit de refus d’un propriétaire à une cession de bail.
Le comité désire aussi «une réforme profonde» du Tribunal administratif du logement (TAL).
«En ce moment, il ne répond plus vraiment à sa mission d’aider les locataires», affirme Mme Hélie-Martel.
De plus, le comité estime que le nombre d’inspecteurs de la division permis et inspections du Plateau-Mont-Royal attitrés aux logements doit augmenter. L’équipe compte sept inspecteurs au total, dont cinq sont dédiés aux bâtiments. Les deux autres s’attardent aux signalements concernant les logements ainsi que les nuisances sonores.
«On trouvait que le ratio n'était peut-être pas exactement le plus équilibré», argumente Anaïs Hélie-Martel, notant la densité de population de l’arrondissement et sa proportion élevée de locataires. Elle soutient que la situation actuelle peut mener à des mois d’attente avant que des dossiers ne soient traités.
En mars, l’arrondissement nous indiquait que la répartition des inspecteurs correspondait aux nombres de dossiers à traiter annuellement. Cela dit, après des discussions avec des élus du Plateau, Mme Hélie-Martel a dit sentir une ouverture à repenser cette distribution.
L’agente de concertation de la CDC ajoute qu’elle aimerait voir Revenu Québec sévir davantage contre les Airbnb illégaux.
Parmi les 36 recommandations du Cahier Habitation 2025 ciblant les différents paliers de gouvernement, on peut compter plusieurs suggestions de mesures pour favoriser le développement et le maintien de logements sociaux et hors marché.
Il est d’ailleurs recommandé de cesser de recourir au concept de «logement abordable», jugé trop flou et malléable, et de plutôt miser sur les logements sociaux ou hors marché.
Notant que quelques milliers de ménages sont en attente de logements sociaux et subventionnés dans Le Plateau-Mont-Royal, le Comité Habitation et Aménagement de la CDC souhaite qu’ils représentent éventuellement 20% des logements sur le territoire de l’arrondissement.
En ce sens, il note que la Ville de Montréal a déjà fait l’acquisition de quelques propriétés avec ce genre d’objectif en tête.
Le comité dénonce toutefois l’inefficacité du Règlement pour une métropole mixte, censé pousser les promoteurs immobiliers à contribuer à la création de logements sociaux, abordables et familiaux à Montréal. Il aimerait donc voir l’option de compensation financière, qui permet aux promoteurs de contourner ces objectifs, éliminée.
«La cause numéro un de l’itinérance présentement, c’est le manque de logements abordables», souligne Anaïs Hélie-Martel.
«La solution, c'est d'abolir les échappatoires financières pour qu'il y ait, dans tout projet, au moins 20% de logements sociaux.»
À l’inverse, elle soutient que la construction de tours à condos de luxe n’en est pas une, et que, même si elles peuvent attirer certains ménages, qui libéreront des espaces locatifs, des «hausses assez importantes de loyers» sont ensuite observées.
3 500+ abonné·es reçoivent nos infolettres chaque jeudi.