Immeuble dangereux: Le Plateau prévoit démolir lui-même le 5990 avenue du Parc

Un risque d’effondrement a forcé l’évacuation de 36 appartements vendredi. Devant l’inaction du propriétaire de l’immeuble dangereux, le Plateau a décidé de prendre les choses en main.

Des clôtures recouvertes de planches font le tour des immeubles et des cône redirige la circulation en direction sud vers le voie centrale.
Les barricades entourant les immeubles de l'avenue du Parc bloquaient deux voies de circulation, mardi après-midi. – photo : Devin Ashton-Beaucage

Plusieurs résidents voisins du 5990, avenue du Parc se sont présentés devant le conseil d’arrondissement, lundi, afin de savoir quand ils pourront réintégrer leur logement. Trente-six d’entre eux ont été évacués après que de la brique tombante eut été aperçue, vendredi.

Des plans de démolition du bâtiment qui menace de s’effondrer sont en branle depuis plusieurs années, mais n’ont jamais abouti.

Évacuation éclair: 15 minutes pour tout quitter

«J’ai emménagé avec mon copain au 5980 le 1er juillet dernier. Trois jours plus tard, nous avons été évacués d’urgence avec seulement quinze minutes pour faire nos bagages», a raconté Maude Brodeur.

«Nous devons aller travailler avec seulement quelques vêtements, et sans outils de travail pour plusieurs personnes. On n'a plus accès à nos meubles et à nos biens personnels. Nos assurances ne couvrent pas parce que nos biens ne sont pas endommagés ou volés», a-t-elle ajouté, rappelant que les résidents du 6000, avenue du Parc ont aussi été délogés, et ce, depuis mars.

Mme Brodeur s'exprime au microphone devant le conseil d'arrondissement.
Après avoir emménagé dans son logement trois jours plus tôt, Maude Brodeur et son conjoint ont dû évacuer en quinze minutes. – photo : Devin Ashton-Beaucage

C’était notamment le cas de Chika Shori, également présente à la séance ordinaire du conseil d’arrondissement. 

«Ça fait presque quatre mois qu’on ne peut toujours pas réintégrer nos appartements», a-t-elle souligné, rappelant qu’un scénario d’évacuation similaire s’était déroulé en 2024. 

Celle qui a dit être parmi les trois seuls locataires à avoir conservé leur bail dans l’espoir de pouvoir réintégrer leur logement a dit se trouver «dans le noir» en ce qui concerne son avenir.

Les résidents du 6000, avenue du Parc ont été évacués le 6 mars 2024 et le 17 mars 2025 à cause de murs dangereux. – photo : Gaëlle Engelberts

Deux à quatre semaines avant de réintégrer les logements

Le maire du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin, a tenu à se faire rassurant: «Est-ce que ça va prendre deux, trois ou quatre semaines? Ça devrait être ça, l’ordre de grandeur, pour que les travaux se réalisent et que vous puissiez éventuellement réintégrer vos logements.»

Du côté du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), l’assistant-directeur, responsable du centre de service stratégique et technique, Dave Waterhouse, a indiqué qu’il était possible pour les locataires de demander de se faire accompagner par des pompiers afin d’aller récupérer des effets personnels ou encore des animaux de compagnies.

36 ménages évacués

Le Service de sécurité incendie avait été avisé vers 14h, vendredi, que des briques chutaient à partir de l’édifice au 5990, avenue du Parc. 

«Les pompiers ont fait des vérifications et ont constaté qu'il y avait vraiment un risque d'effondrement de l'édifice. Il y avait un risque pour la vie et un risque pour la propriété des gens qui étaient dans les deux édifices avoisinants», a expliqué Guy Lapointe, chef de la division des communications du SIM, à Mon Plateau

Le site a donc été évacué. Deux voies de l’avenue du Parc étaient encore bloquées, mardi après-midi.

Sur les 36 logements évacués, 22 ménages ont été pris en charge et relocalisés par la Croix-Rouge canadienne pour une durée de 72 heures. Après cette période, c’est l’Office municipal d’habitation de Montréal qui s’est chargée de loger les ménages sans assurance et ne pouvant être accueillis par des proches, a indiqué M. Rabouin. 

«J’ai reçu un écrit aujourd’hui qui m’a confirmé ça : il n’y a aucune personne qui va être laissée de côté», a-t-il martelé.

«On va agir très rapidement. On va utiliser tous les pouvoirs qu'on détient pour pouvoir procéder à la sécurisation des lieux pour que vous puissiez, les personnes qui sont ici, retourner le plus rapidement possible chez vous. Puis en attendant, si vous n'avez pas de place, on va vous héberger», a résumé le maire d’arrondissement aux personnes évacuées dans la salle.

Une situation qui perdure depuis 2023

Le SIM avait déjà sonné l’alarme par rapport au risque du mur nord en «ventre-de-bœuf», en 2022. L’arrondissement, qui était au courant de l’abandon de l’immeuble depuis 2020, avait exigé la production d’un rapport d’ingénieur, en 2023, et, ayant noté l'absence de travaux correctifs, avait remis un constat d’infraction au propriétaire.

La firme Parallèle 54 avait ensuite recommandé la démolition du bâtiment et le propriétaire avait entrepris des démarches pour obtenir un permis afin d’aller de l’avant, mais n’avait pas fourni les documents requis. 

Selon la documentation de l’arrondissement, alors que des évacuations ont eu lieu et des dangers ont été signalés, le propriétaire a omis de collaborer à plusieurs reprises depuis 2023.

M. Rabouin est assis à la table des conseillers et parle dans son microphone pendant la séance ordinaire du conseil d'arrondissement.
«On a épuisé toutes nos réserves de patience», a laissé tomber un Luc Rabouin excédé face à l'inaction du propriétaire du 5990, avenue du Parc. – photo : Devin Ashton-Beaucage

L’arrondissement prend le dossier en charge

Le maire Rabouin a souligné que la société propriétaire du 5990, avenue du Parc, devait démolir l’immeuble le 2 juin dernier. Il s’agit d’Habitat 237 Grande-Île, aussi connu sous le nom de Multilogements Supérieurs et administré par Daniel Lalonde et Jonathan Pigeon. 

L’arrondissement cherche encore à pousser le propriétaire à prendre ses responsabilités dans ce dossier, mais recourt à des mesures extraordinaires pour entamer la tâche de son côté.

«On est rendu à la fin du processus. On a épuisé toutes nos réserves de patience. On lui a offert toutes les chances de faire ce qu'il devait faire. Il s'était engagé à le faire et il ne l'a pas fait», a affirmé Luc Rabouin, disant avoir peu d’espoir d’un soudain changement d’attitude. 

«On a un propriétaire qui joue au chat et à la souris avec nous, qui est très difficile à rejoindre, qui nous fait signe de bonnes intentions, mais qui, finalement, ne se réalisent pas[...] On ne peut pas du tout penser qu’on fait affaire avec quelqu’un qui agit de bonne foi.»

L’arrondissement a donc décidé d'entamer lui-même le processus de démolition. Un plan conçu par la firme d’ingénieurs spécialisée CIMA + devrait lui être livré d’ici vendredi. Ensuite, un appel d'offres sera lancé afin de trouver un entrepreneur qui pourra le suivre.  

Habitat 237 Grande-Île devra rembourser l’arrondissement pour les frais liés à la démolition de son immeuble et de la sécurisation du secteur.

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