Itinérance et vulnérabilité: le Chaînon élargit son offre dans Le Plateau

Après 45 ans à n'héberger que des femmes seules, le Chaînon s'apprête à accueillir à nouveau des mères avec leurs enfants dans des logements de transition.

Photo du bâtiment de l'avenue de l'Esplanade. Quelques cônes oranges se trouvent devant lui alors que des vignes pendent du côté gauche de la façade.
Vingt-sept logements de transition seront bientôt disponibles dans le nouveau bâtiment de l'organisme. – photo : Devin Ashton-Beaucage

Le Chaînon se prépare à rendre 27 unités de transition disponibles aux femmes en situation de vulnérabilité. Avec cet ajout, l’organisme presque centenaire recommencera également à accueillir des enfants en bas âge. 

Ayant ouvert ses portes à de jeunes filles depuis sa fondation, l’association d’entraide créée  en 1932 n’hébergeait plus que des femmes seules depuis 1979. Il s’agit de l’année d’entrée en vigueur de la Loi sur la protection de la jeunesse. 

«Il n'y a pas assez d'offres pour des femmes avec enfants», explique Florence Portes, directrice de développement et des programmes d’habitations dans la communauté du Chaînon.

«Et nous, ce qu'on offre en plus, c'est du soutien psychosocial. Ce n'est pas juste une porte qui s'ouvre sur un logement. C'est un suivi; un accompagnement pour plusieurs mois ou plusieurs années pour s'assurer de la pérennité et de la stabilité résidentielle de la personne.»

Un bâtiment-tremplin

Le nouvel immeuble, situé au 4387, avenue de l’Esplanade, juste à côté de la maison principale de l’organisme, ouvrira ses portes cet automne, après des rénovations.

«Au cours des deux dernières années, entre l’acquisition et la rénovation, on est tombé en amour avec ce bâtiment. On l’aime très fort!» laisse tomber Mme Portes en riant. 

Les 27 unités viendront s’ajouter aux 64 autres logements de l'organisme qui sont déjà en fonction. Le Chaînon pourra donc accueillir plus de femmes qui traversent des moments difficiles, que ce soit un épisode d’itinérance ou de précarité, de la violence intrafamiliale, ou des enjeux de santé mentale, de toxicomanie ou de comorbidité (deux ou plusieurs troubles ou maladies).

Vue des deux bâtiments à partir du parc Jeanne-Mance.
Le nouvel édifice du Chaînon (à gauche), aussi appelé l'Annexe, est le voisin immédiat de la maison principale de l'organisme (à droite). – photo : Devin Ashton-Beaucage

«Il y a quelques années, on a pris le virage de l'approche Housing First (logement d’abord), qui considère que le logement, c'est l'outil principal de lutte à la précarité, à la pauvreté et à l'itinérance», explique Florence Portes.

«Ce qu’on défend, c’est un processus accéléré entre l’urgence et le logement.»

Le projet de logements de transition, qui sont censés servir de tremplins vers des situations d’habitation plus pérenne, a été financé par des fonds provenant de la Société canadienne d’hypothèques et de logements, du Fonds de solidarité de la FTQ, de la Ville de Montréal et de la Fondation Chaînon. 

La directrice note qu’à la sortie de ces unités, les femmes passent la plupart du temps à des logements subventionnés ou sont accueillies par un organisme sans but lucratif (OSBL) d’habitation.

Présence d’une équipe médicale spécialisée PRISM

Au-delà de l’ajout d’unités, le Chaînon a également accès, depuis l’année dernière, au soutien d’une équipe PRISM (Projets de réaffiliation en itinérance et en santé mentale) désormais attitrée à l’organisme. 

L’équipe multidisciplinaire offre des soins adaptés à huit personnes suivies en continu pour une période de huit à douze semaines. Elle comprend une travailleuse sociale, une psychiatre, une infirmière et une intervenante psychosociale. 

«On peut accueillir des femmes qui sont dans nos services, mais on peut aussi recevoir des références directement des hôpitaux», précise Mme Portes. Elle indique que le manque de familiarité du milieu hospitalier le rend moins efficace pour intervenir auprès d’une personne en situation de crise de santé mentale. 

«Quand la dame fréquente une ressource d'hébergement d'urgence comme la nôtre, comme elle est dans sa zone de confiance, c'est beaucoup plus facile de l'approcher. On prend le temps», illustre Florence Portes.

Soulignant que l’itinérance «est souvent une combinaison de plusieurs facteurs», elle ajoute que l’arrivée d’une équipe PRISM a permis au Chaînon de mieux communiquer avec le réseau de la santé. 

«Notre champ de compétence c'est l'intervention psychosociale», explique Mme Portes. 

«On n'avait pas de levier. Notre crédibilité n'est pas celle d'une infirmière ou d'une travailleuse sociale du milieu, qui connaît le réseau de la santé, qui parle couramment le langage hospitalier et qui peut arrimer la personne à un médecin-psychiatre.»

L’objectif du programme est non seulement d’offrir des soins, mais aussi de lutter contre l’itinérance. Selon les données du gouvernement du Québec, entre 63% et 81% des personnes ayant bénéficié du programme sont demeurées logées un an après l’avoir terminé.

Après leur passage au Chaînon, on s’assurera qu'elles puissent poursuivre leur démarche thérapeutique avec les équipes de santé du milieu où elles auront trouvé un logis. 

«Et en attendant, il y a une transition qui est opérée par des équipes du milieu communautaire», indique Mme Portes.

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