L’Oranger : un réseau d’aide aux personnes en situation d’itinérance

Lancé il y a près de cinq ans, le réseau d'entraide L'Oranger compte aujourd'hui une quinzaine de membres dans Le Plateau qui offrent des services gratuits aux personnes dans le besoin.

Un voit l'autocollant sur le haut de la vitre de la porte d'entrée et des réflexions des arbres et autres objets qui se trouvent à l'avant.
Un autocollant identifiant différents services offerts chez un membre du réseau L'Oranger trône au sommet de la porte de la Chocolaterie Pastille. – photo : Devin Ashton-Beaucage

Inspiré d’une initiative française, le réseau L’Oranger a commencé à se dessiner vers 2020. Le principe derrière le projet repose sur la générosité de commerces, d’établissements et d’organismes locaux qui offrent gratuitement certains services.

«Si tu reconnais un autocollant L'Oranger et que tu as besoin d'aller remplir ta gourde d'eau, entre dans le commerce et dis “Bonjour, j'ai vu l’autocollant. J'aimerais remplir ma gourde.” Et le commerçant va t'accueillir», explique Thibault Chevalier, qui fait partie de l’organisme Plein Milieu en charge de ce réseau d’entraide.

«À long terme, on veut en arriver à une solidarité envers n’importe quel citoyen ou citoyenne du Plateau, qu’ils soient logés ou non,» ajoute-t-il.

Un réseau qui mise sur une approche collaborative

Des personnes itinérantes et des commerçants ont été sondés dans le contexte de conception du projet, dont les élans avaient été freinés par la pandémie de COVID-19.

«On a demandé aux gens qui fréquentaient [Plein Milieu] “est-ce qu'il y a des commerçants avec qui tu as un bon lien, chez qui tu peux aller et tu es bien reçu?”, etc. Puis, on a fait une liste et on est allé les voir», raconte M. Chevalier.

Mme Lussier se tient debout devant un inventaire de rubans et autres accessoires de couture.
Anne Lussier a raconté avoir hésité avant d'offrir la possibilité de travail rémunéré, mais a noté qu'au final, la plupart des services offerts dans sa boutique n'ont pas trouvé preneur. – photo : Devin Ashton-Beaucage

En plus d’offrir de l’aide aux personnes en situation d’itinérance, le projet a également permis d’offrir plus de soutien aux commerces et organismes participants. 

En effet, Plein Milieu donne des formations afin d’offrir des notions de base d’intervention aux travailleurs. Il fait également des suivis en cas d’incidents.

L’intervenant souligne que les formations peuvent servir à désamorcer une situation tendue. Il concède toutefois que certains clients peuvent s’indigner de la présence de personnes itinérantes, ce qui peut compliquer l’expérience des commerçants membres du réseau.

Des services variés, une utilisation inégale

La gamme de services offerts varient grandement d’un espace à l’autre. 

Par exemple, la Relance des loisirs tout 9, dont les locaux sont situés au Centre Saint-Denis, offre un espace sécuritaire où l’on peut se réchauffer ou se rafraîchir, accéder au réseau wifi, à de l’eau potable et à la salle de bain. Il est aussi possible d’y charger son téléphone, faire chauffer de la nourriture ou encore, se reposer.

D’autres endroits, comme le Théâtre d’Aujourd’hui ou le Bain Schubert, se contenteront d’offrir de l’eau potable et un accès aux toilettes. 

Toutefois, l'utilisation de ces services reste parfois modeste. Anne Lussier, propriétaire de Tissu social, seul commerce du réseau à offrir du travail rémunéré, rapporte qu'à sa connaissance, une seule personne est venue charger son téléphone.

M. Chamberlain pose devant un réfrigérateur de fromage. Sa chemise à des motifs de flamants roses.
Steven Chamberlain a constaté que quelques personnes sont passées chez Maître Corbeau pour profiter de l'offre de service du réseau L'Oranger. – photo : Devin Ashton-Beaucage

À la fromagerie Maître Corbeau, quelques personnes ont profité de l'offre, dont une de façon répétée. Steven Chamberlain, un employé de la fromagerie, a indiqué qu’on leur a offert de l’eau, de la nourriture et l’accès aux toilettes.

«Ce sont des petits trucs qui sont très faciles à faire pour nous», a-t-il expliqué.

Malgré les défis, le réseau connaît de «belles réussites»

Certains points du réseau se démarquent, comme le Café Reine Garçon, qui est devenu l’un des points populaires de L’Oranger, selon M. Chevalier.

Pour illustrer l’esprit de cohabitation qui s’y est installé, il relate une anecdote où une personne itinérante s’est fait offrir une part de gâteau pour son anniversaire.

«Pour moi, c’est une victoire», affirme l’intervenant, soulignant l’importance des relations qui se développent dans ce contexte.

Il raconte également l’histoire d’une autre personne qui a pris l’habitude de se rendre au Centre Saint-Denis pour faire chauffer ses repas, saluant les employés avant de quitter les lieux.

«C’est aussi ça, la relation, se saluer poliment et accepter l’autre dans un espace.»

Un réseau en constante évolution

Thibault Chevalier indique que le réseau continue d’évoluer, alimenté par les commentaires des principaux concernés. «On y réfléchit beaucoup. On réévalue régulièrement ce qu'on fait.» 

«J’espère que le projet L’Oranger va perdurer et va continuer à se développer,» souligne-t-il.

Parallèlement à la croissance du réseau, l’organisme Plein Milieu continue de jouer un rôle-clé pour améliorer la cohabitation entre les commerçants et les personnes itinérantes du Plateau. 

M. Chevalier estime d’ailleurs que la situation s’est améliorée à ce niveau, au cours des trois dernières années. «Il y a des relations qui se créent. Puis, parfois, il y a des gens qui s'offrent un café le matin maintenant», illustre-t-il.

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