Mairie du Plateau: Jean Beaudoin promet une évaluation de la mobilité
L’architecte et ingénieur ayant collaboré à la conception de la piétonnisation de l'avenue du Mont-Royal présente ses priorités pour Le Plateau-Mont-Royal.
L’architecte et ingénieur ayant collaboré à la conception de la piétonnisation de l'avenue du Mont-Royal présente ses priorités pour Le Plateau-Mont-Royal.
Cathy Wong n’est plus seule dans l’arène. L’architecte et ingénieur Jean Beaudoin proposera sa candidature aux citoyens du Plateau dans l’espoir de devenir le prochain maire de l’arrondissement sous la bannière d’Ensemble Montréal.
S’il réussit son coup lors des élections du 2 novembre, il mettra fin à l’emprise totale de Projet Montréal sur le conseil d’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, qui tient depuis 2009.
Même s’il ne raye pas les projets à long terme de sa table à dessin, M. Beaudoin dit vouloir se concentrer sur des objectifs réalisables dans le contexte d’un mandat et de cibler les enjeux liés au logement, à la mobilité et à la vie de quartier en particulier.
«Comment, dans les quatre prochaines années, est-ce qu’on peut faire une contribution positive?», offre-t-il comme question à poser à une potentielle administration d’arrondissement qu’il dirigerait.
Au niveau de la Ville, il estime s’être joint à une formation «capable de penser notre île en respectant les spécificités des arrondissements», mais qui pourra tout de même travailler en synergie à travers ses différents territoires.
«Soraya [Martinez Ferrada], c’est quelqu’un qui est capable d’écoute et, surtout, de fédérer, ajoute-t-il au sujet de l'ancienne ministre fédérale qui est devenue cheffe de son parti. Il y a des enjeux, comme les crises du logement et de l’itinérance où tu as besoin de travailler avec les autres paliers de gouvernement, à Québec et Ottawa.»
Celui qui avait été responsable de concevoir La grande terrasse rouge, qui pouvait s’étirer sur 1km devant les commerces de la rue Saint-Denis, et qui a collaboré à la conception de la piétonnisation de l’avenue du Mont-Royal, a développé un intérêt pour les espaces de vie commune.
Il avait d’ailleurs donné rendez-vous à l’auteur de ces lignes sur l’avenue piétonne, à l’intersection d’Henri-Julien, là où les paroles de Dédé Fortin – «un gars du quartier», souligne le candidat – sont citées à même l’asphalte. M. Beaudoin aime bien l’idée de tisser la vie des quartiers autour de leur rue principale.
Il dit souhaiter trouver des manières adaptées de transformer la dizaine d’autres artères commerciales de l’arrondissement de manière à ce que ce soit «trippant pour les gens» dans ces secteurs.
En soutenant les organismes locaux et en faisant «de la place sur la rue» pour les artistes et experts en design, il compte renforcer le «sentiment de communauté».
À l’image du respect des spécificités des arrondissements, Jean Beaudoin veut en faire autant pour les districts, dont il souhaite revaloriser les différents secteurs en s’adaptant à leurs réalités propres.
«L’ambition, c’est d’avoir des conseillers de Ville qui sont presque des maires de ces quartiers-là», précise-t-il.
Il prend en exemple le Plateau-Est, là où le seul autre candidat d’Ensemble Montréal dans l’arrondissement a été annoncé jusqu’ici, soit Alexander Roberton. En se référant à la chanson des Colocs dont les paroles ont été peintes sur l’asphalte sous ses pieds, M. Beaudoin parle de revaloriser la rue principale, ce qui, pour lui, correspond à la portion orientale de l’avenue du Mont-Royal.
Il évoque également une réflexion sur les chemins sécuritaires menant vers l’école secondaire Jeanne-Mance.
«Le territoire autour de cette école-là, qui est un peu aride architecturalement, pourrait avoir un site exceptionnel», dit-il, envisageant des aménagements «trippants» pour les élèves et utiles pour le Centre sablon, reliant les deux édifices et le parc des Compagnons-de-Saint-Laurent.
En ce sens, il rejoint sa rivale, Cathy Wong, dans son appréciation des places-écoles, comme celle de l’Ange-Cornu, située sur un tronçon de la rue De Lanaudière, juste à côté de l’école primaire Paul-Bruchési.
«Après, au parc Baldwin, on attend une piscine depuis longtemps. Comment on fait pour les aider?», lance-t-il en évoquant un déséquilibre dans les services offerts aux différents résidents du Plateau.
C’est son expertise en ingénierie qui aura poussé Jean Beaudoin à vouloir faire le saut en politique municipale et repenser, voire «enrichir» la mobilité sur le territoire du Plateau-Mont-Royal.
«Ça me tient à cœur», souligne-t-il, avisant que son parti évaluera les infrastructures en place et celles qui devront être ajoutées afin de mieux gérer la circulation dans l’arrondissement et éviter qu’elle ne crée des problèmes d’accumulation à certains endroits.
«Rebalançons en partant sur les bonnes bases d'un audit de la situation des surfaces de circulation», précise-t-il, ajoutant vouloir aussi se référer aux résultats de l’enquête métropolitaine 2023 Perspective mobilité de l’Autorité régionale de transport métropolitain. «Après, on va se donner une direction solide. On va être agile», affirme-t-il, disant aussi vouloir être à l’écoute de la population.
«On va s’occuper des parcours pour que tous les citoyens puissent se déplacer de la bonne façon.»
Rejetant l’idée d’une «guerre» opposant les voitures aux vélos, l’ingénieur dit que cette évaluation se fera avec tous les types de déplacements possibles en tête, qu’ils soient effectués par des cyclistes, des piétons, des livreurs, des équipes de services d’urgence ou de nettoyage de rue, ou encore des personnes à mobilité réduite.
Sans s’opposer aux piétonnisations ou aux voies cyclables protégées – «Ça serait fou!», lance-t-il – Jean Beaudoin laisse entendre que la gestion de la mobilité sous Projet Montréal a manqué de réflexion. Il souhaite d’ailleurs qu’un nouveau Plan de déplacement urbain du Plateau-Mont-Royal voie le jour.
Face aux enjeux de sécurité que connaît le Mile End au niveau de la mobilité, le candidat d’Ensemble Montréal lance l’idée de créer un ordre de priorité de passage aux intersections pour les piétons et les différents types de véhicules.
Du côté de Milton-Parc, où c’est plutôt la criminalité qui inquiète, il revient sur son envie de «revaloriser l’espace collectif» afin de raviver le «sentiment communautaire» du quartier.
Plus concrètement, il donne en exemple la végétalisation du secteur ou carrément la création d’un parc qui pourrait attirer «une vingtaine de personnes» à s’y asseoir.
«Ce sont des yeux sur la rue», illustre-t-il.
«Si on est capable de faire ça à des endroits comme [l’intersection de] Milton et Parc, d'après moi, on va rehausser le niveau de sécurité», avance-t-il.
Une autre idée qu’il lance pour renforcer le sentiment de communauté verrait le Cinéma du Parc sortir de son sous-sol et organiser des activités extérieures.
Au niveau du logement, évoquant la possibilité d’ajouter des volumes sur le toit de propriété ou de modifier la configuration des chambres, le candidat d’Ensemble Montréal dit souhaiter rendre les règles d’urbanisme moins contraignantes. Ainsi, il estime qu’il sera en mesure de permettre à des familles propriétaires grandissantes de demeurer dans le quartier, si tel est leur désir.
«Il y a pas mal d’espace qui dort», affirme-t-il.
D’autre part, il voudrait densifier l’arrondissement, mais de manière «douce». Il compte cibler ce qu’il appelle «le quartier Frontenac» en particulier. Il s’agit de la zone commerciale et industrielle à l’extrémité est du Plateau-Mont-Royal aux alentours de la rue du même nom.
Ce secteur serait d’ailleurs déminéralisé sous une administration Beaudoin, de même que d’autres endroits dans le Mile End ainsi que l’avenue du Parc.
«L’espace de la rue, s’il est bien planifié, on va dégager, comme on le fait maintenant, des espaces pour s’asseoir et pour végétaliser», annonce-t-il.
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