Sécurité des piétons: des résidents du Mile End à la recherche de solutions
Une assemblée publique s’est tenue six mois après la mort tragique d’un enfant à l'intersection des rues Bernard et du Parc.
Une assemblée publique s’est tenue six mois après la mort tragique d’un enfant à l'intersection des rues Bernard et du Parc.
Plus de 70 personnes se sont réunies au Théâtre Rialto mercredi soir pour identifier des problèmes et proposer des solutions afin d'améliorer la sécurité des piétons dans le Mile End.
Sans grande surprise, l’intersection de l’avenue du Parc et de la rue Bernard est ressortie du lot en tant qu'endroit dangereux. Il s’agit du lieu où un enfant de 11 ans avait été happé mortellement par un camion, en novembre.
C’est d’ailleurs cet incident qui avait poussé le Comité des citoyens du Mile End à organiser la soirée de jeudi et d’y inviter la communauté hassidique d’où la victime était issue.
Une étude récente indique d’ailleurs qu’il s’agit d’un lieu «très dangereux» pour les enfants et que moins de la moitié des croisements de rues du Plateau-Mont-Royal a un niveau de risque jugé acceptable ou sécuritaire.
Une nouvelle saillie de trottoir sera toutefois installée du côté ouest de l’intersection, a-t-on appris au cours de la soirée.
Le Comité des citoyens du Mile End, qui a organisé l’événement, étudiera la collecte de données, ce qui mènera à la production d'un rapport. Un avant-goût des résultats a toutefois été communiqué à la salle.
Les problèmes les plus souvent cités ont été le manque de respect et de vision commune des comportements à adopter, l’absence d’interaction et l’impatience.
On a reproché aux cyclistes de ne pas respecter le Code de la sécurité routière et d’avoir une conduite dangereuse, notamment en omettant de garder des distances sécuritaires et en roulant à des vitesses déraisonnables.
Mayer Feig, qui agissait en quelque sorte de porte-parole pour la communauté hassidique lors de la soirée, a d’ailleurs rappelé qu’une fillette avait été heurtée par une cycliste l’année dernière, alors que la circulation était dans l’obligation de s’arrêter pour lui permettre de traverser la rue Jeanne-Mance et embarquer dans son autobus scolaire.
Pour ce qui est des comportements piétons, on a notamment accusé les poussettes de bloquer le passage et souligné que les enfants ne doivent pas surgir subitement dans la rue en courant.
Au niveau de la conduite automobile, la vitesse, les demi-tours (u-turns) et les voitures garées en double file, particulièrement sur les passages pour piétons, sont sortis du lot des comportements dangereux et frustrants.
«J’emprunte beaucoup les deux bandes cyclables sur Jeanne-Mance et il y a systématiquement des voitures qui sont stationnées en double», a affirmé un homme dans la salle, répondant au commentaire de Mayer Feig. Il a invité ce dernier à inciter sa communauté à éviter cette habitude.
M. Feig a rétorqué que, dans une situation où il rapporte son épicerie à sa demeure, qui comprend huit enfants, il doit pouvoir se stationner à proximité.
Le commandant Malo a indiqué qu’à moins d’indication contraire, il est possible de faire un arrêt temporaire dans la rue pour livrer des marchandises. «Toutefois, s’arrêter sur une piste cyclable, c’est non», a-t-il tranché.
Parmi les solutions proposées, des efforts de sensibilisation et d’éducation ont été recommandés pour l’ensemble des usagers des voies publiques.
Le commandant Malo a noté qu’à ses débuts, la police de Montréal se rendait plus souvent dans les écoles pour animer des activités Génivélo et sensibiliser les élèves.
«Avec le temps, les restrictions budgétaires, le manque de personnel, ce sont des choses qui se sont un peu perdues. Je ne dirais pas que c'est complètement mis de côté, mais je peux vous dire qu'il y en a quand même moins.»
Rappelant qu’un nombre limité de policiers travaillent sur le territoire, le chef du Poste de quartier 38 a noté que la communication joue un rôle important dans l’amélioration de la priorisation de mise en place de mesures de sécurité.
«Si vous, vous n'appelez pas, je vous dirais qu'on va être moins présents dans votre secteur», a-t-il illustré, incitant le public à préciser les moments et les lieux des infractions dont ils sont témoins au SPVM.
«On a le pouvoir de changer les choses[...], mais ce n’est pas évident de savoir à quels endroits intervenir.»
«La vitesse des gens qui roulent sur du Parc n’a pas de sens», a dit une résidente de longue date du Mile End.
Selon elle, des projets de réaménagement seraient plus efficaces que de faire baisser la limite de vitesse permise.
Bartek Komorowski, chef de l’équipe d’aménagement des rues de la Ville de Montréal, a expliqué que des membres de sa division travaillent à prévenir les collisions graves en identifiant les éléments qui les favorisent.
«Ce qui est vraiment important, c'est que les différents usagers de la route, qu'ils soient piétons, cyclistes ou automobilistes, puissent se voir et être vus afin de pouvoir s'éviter», a-t-il ajouté.
Il a souligné qu’avec l’augmentation du poids des véhicules sur la route, les impacts deviennent plus dangereux.
«La meilleure des communications, c'est un aménagement urbain intelligent qui nous permet d'être protégés et de protéger les autres aussi. Donc, c’est là-dessus qu’on doit travailler», a résumé la conseillère Marie Plourde, vers la fin de l’événement.
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