Excédés, des résidents de Milton-Parc veulent fermer La porte ouverte Montréal

Le conseil d'arrondissement du Plateau-Mont-Royal a été le théâtre de tensions lundi soir.

On voit la façade de l'église, avec l'image de la vierge Marie en mosaïque, sous un ciel bleu. Sa tour sort du cadre.
La porte ouverte a emménagé dans le sous-sol de l'église Notre-Dame-de-la-Salette, sur l'avenue du Parc, en 2018. – photo : Devin Ashton-Beaucage

Quelques citoyens de Milton-Parc ont dénoncé des comportements criminels qu’ils associent à l’organisme de soutien aux personnes itinérantes, La porte ouverte Montréal (Open Door), lundi soir, devant le conseil d’arrondissement du Plateau-Mont-Royal. 

C’était le cas de Vincenzo Corelli, qui a dit s’être présenté pour demander la fermeture du centre qui offre, entre autres, de l’hébergement d’urgence, des repas et un accès à des douches.

«Je peux vous parler d’Alice, qui vient d’une des communautés nordiques du Nunavik, et dont le proxénète, qui réside à La porte ouverte, l’a battue si brutalement que sa mâchoire a été fracassée. Maintenant, quand on l’aperçoit dans la rue, on ne peut même pas la reconnaître», a-t-il lancé au début d’une tirade devenant de plus en plus intense. 

M. Corelli a poursuivi en évoquant des histoires de prostitution forcée et de vente de drogue, et a dénoncé la lenteur de réaction de l’organisme. 

Il est important de souligner que Mon Plateau n'a pas pu vérifier ces accusations. D'autre part, La porte ouverte Montréal n’avait pas répondu à nos demandes de commentaires au moment de publier ces lignes.

Cependant, ce n'est pas la première fois que des citoyens soulèvent des cas de proxénétisme et de vente et consommation de drogues dans le quartier.

M. Corelli devant le micro, vêtu d'une veste noire, d'une cravate et d'un chapeau de pêche rose avec des personnages. Son regard est dirigé vers les élus.
«Pour les gangs de rue qui nous regardent : faites ouvrir un refuge. Vous pourrez vendre du crack, tenir des femmes autochtones en captivité et – ne vous inquiétez pas! – la Ville ne vous emmerdera pas», a ironisé un Vincenzo Corelli en colère, avant de retourner vers son siège. – photo : Devin Ashton-Beaucage

«Milton-Parc se détériore avec l’arrivée d’Open Door», a également affirmé lundi Diane Langlois, qui réside dans Le Plateau-Mont-Royal depuis 1989. 

Elle aussi a associé trafic de drogue et prostitution à la présence de l’organisme, soutenant du même coup qu’il ne respecte pas sa mission d’accompagner et soutenir les personnes itinérantes. 

Elle a également indiqué ne plus vouloir passer aux alentours de l’intersection de la rue Milton et de l’avenue du Parc, où il est basé. 

«Ça fait sept ans que je l’endure et c’est la première fois que je viens ici (devant le conseil d'arrondissement). Ça suffit», a-t-elle laissé tomber, suscitant de vigoureux applaudissements dans la salle. 

Les acclamations ont d’ailleurs été répétées à quelques reprises au cours des interventions, poussant le maire d’arrondissement, Luc Rabouin, à rappeler qu’elles ne sont pas permises pendant ces rencontres.

M. Rabouin prend la parole, entouré de Marie Sterlin, à sa droite, et de Maeva Vilain, à sa gauche.
«On a un enjeu de santé publique majeur», a contextualisé Luc Rabouin, soulignant un manque de ressources. – photo : Devin Ashton-Beaucage

Crise des vulnérabilités

En guise de réponse, le maire Rabouin a souligné que les enjeux de vulnérabilité et d’itinérance se font de plus en plus ressentir à Montréal, en général. Il a également reconnu qu’«un réseau de petite criminalité» «profite» et «abuse» de personnes en «situations difficiles», sans toutefois explicitement lier ce phénomène à La porte ouverte.

«On a de plus en plus de gens qui n’ont pas d’endroit où se loger. Puis, on a des gens qui ont des problématiques graves de santé mentale, de toxicomanie.»

Il a indiqué que les acteurs municipaux font des efforts pour apaiser la situation et que la présence policière a été «renforcée» dans le secteur. Il a toutefois rappelé les responsabilités de Québec au niveau de la santé et du logement et souligné l’absence d’offre adéquate de services, notamment ceux liés à la toxicomanie.

«On a un enjeu de santé publique majeur. On a des gens qui sont pris avec des problèmes graves, qui se retrouvent dans la rue, qui ne devraient pas y être, mais on n'a pas de place pour eux. Pas de services, pas de place», a-t-il résumé.

«Il est inacceptable, dans une société riche comme la nôtre, qu'on tolère que des gens vivent dans des situations de misère extrême.»

Questionné après la rencontre par Mon Plateau, le maire Rabouin n’a pas voulu se prononcer sur la qualité de La porte ouverte, mais a souligné qu’elle faisait face à «des défis importants» en contexte de crises du logement et des vulnérabilités. 

Il a également noté que l’organisme cherche à déménager, mais a soutenu que son départ ne réglerait pas les symptômes desdites crises. 

«On a besoin d’avoir vraiment plus de ressources», a-t-il affirmé, disant vouloir une collaboration améliorée avec Québec.

Mme Vilain prend la parole à la table des élus. On voit la conseillère Marianne Giguère à sa gauche.
La conseillère Vilain a encouragé la population à imiter Le Plateau en faisant pression sur les autres paliers de gouvernement afin de pouvoir lutter plus efficacement contre la crise des vulnérabilités. – photo : Devin Ashton-Beaucage

Améliorer la collaboration

«Ce que vous décrivez est absolument inacceptable», a répondu Maeva Vilain aux propos de M. Corelli. 

La conseillère du district Jeanne-Mance, qui englobe le quartier Milton-Parc, a toutefois affirmé que l’arrondissement s’efforçait de créer de meilleurs liens entre La porte ouverte et le SPVM. 

«Parfois, ça va bien. Parfois, il y a des moments plus difficiles», a-t-elle concédé. «La police a beaucoup changé ses pratiques et est très à l’écoute des besoins des personnes les plus vulnérables.»

Elle a aussi rappelé que l’arrondissement et le Comité de bon voisinage de Milton-Parc sont entrés en contact avec des représentants d’autres paliers de gouvernement, notamment Lionel Carmant, ministre provincial des Services sociaux, et Steven Guilbeault, député fédéral de Laurier–Sainte-Marie, pour discuter des enjeux soulevés. Elle a encouragé la population à en faire de même.

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